Candidat malheureux à la présidentielle d’août dernier, l’ancien président de la commission de l’Union africaine promet de faire respecter le choix du peuple, qualifiant d’«inique, antidémocratique et porteuse d’incertitudes» la décision de la Cour constitutionnelle. Il prend à témoin la communauté internationale et s’inquiète des «graves menaces contre les valeurs universelles» que la Cour aurait choisi de faire peser sur le Gabon. Ci-après, l’intégralité de son discours, prononcé le 24 septembre 2016 à Libreville.
DÉCLARATION
Mes chers compatriotes,
La nuit dernière, la Cour Constitutionnelle a désigné Monsieur Ali Bongo vainqueur de l’élection présidentielle du 27 août 2016. En agissant ainsi, elle a choisi de retirer au peuple gabonais le droit constitutionnel de choisir, par le suffrage universel, le Président de la République, et donc la construction de notre destinée commune.
En introduisant un recours devant la Cour constitutionnelle, j’ai voulu être légaliste. De bonne foi je me suis prêté à l’exercice, prenant la communauté internationale à témoin.
Mais une fois encore, une fois de plus, une fois de trop, devant l’évidence du verdict des urnes la Cour a montré ses limites à travers son incontestable parti pris. Ce faisant, elle a hélas, manqué l’opportunité de s’inscrire positivement dans l’histoire de notre pays.
La nation entière consternée, a assisté à un déni de droit, à travers une parodie de procédure qui s’est achevée par une grossière manipulation de chiffres, visant à améliorer la présentation du ministre de l’Intérieur et à créer une avance factice au profit de son candidat.
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Hier, la Cour a pris sa décision envers et contre tous, foulant au pied la souveraineté du peuple gabonais, ignorant ostensiblement les pressants appels à la transparence lancés par la communauté nationale et internationale. Mais cette décision ne rassemble pas les gabonais et ne les apaise pas, car le peuple du Gabon ne s’y reconnaît pas. Pas plus que la communauté internationale qui n’y accorde aucun crédit.
Je pense aussi à celles et à ceux de nos compatriotes arbitrairement arrêtés. J’exige leur libération immédiate et sans conditions et tout particulièrement, celle du Président Léon Paul NGOULAKIA, candidat à la dernière élection présidentielle.
Le 27 août denier, le peuple Gabonais a clairement exprimé son choix dans les urnes. Aucun Gabonais ne peut oublier le vote qui a été le sien. Aucune décision d’aucune instance, ne pourra jamais rien changer à cette réalité.
À toutes et tous, avec gravité, je vous renouvelle dans une profonde humilité, ma gratitude et vous assure de ma détermination à faire triompher l’alternance et l’idéal démocratique dans notre pays.
Au cours de cette élection présidentielle, toutes les institutions chargées d’organiser les élections ainsi que de très importants moyens de l’État, ont été employés pour concrétiser le passage en force et le déni de démocratie.
Malgré les appels à la transparence de la Communauté internationale, la Cour constitutionnelle s’est illustrée comme à son habitude. Hélas !
Dans ce contexte, les exactions, menaces et intimidations ont supplanté le débat contradictoire. Ces collusions incestueuses, conjuguées aux dérives antidémocratiques, ont fatalement débouché sur une décision inique.
Je veux dire au Peuple gabonais d’être fier de lui, de garder la tête haute et de rester mobilisé. A la diaspora tout particulièrement qui a tant porté sur la scène internationale, la voix et l’espoir du Gabon profond, je veux dire toute ma gratitude.
Nous ne pouvons laisser certains liquider définitivement cet idéal démocratique pour lequel tant des nôtres ont consenti au sacrifice suprême en perdant leurs vies !
Pour cela, je ne reculerai pas. Comme je vous l’ai promis, Président clairement élu par les Gabonais, je demeure à vos côtés pour défendre votre vote, et votre souveraineté.
J’invite le peuple gabonais à rester vigilant et mobilisé pour qu’ensemble nous puissions relever les défis qui nous attendent.
En ce jour de deuil pour le Gabon, il n’est point question de mon sort personnel. Ce sont les idéaux de la République et de la Démocratie qui sont en jeu. C’est, en conséquence, l’ensemble de la communauté internationale qui doit se sentir interpellée par cette grave menace contre des valeurs universelles. Qu’elle veuille bien songer aux menaces que le déni de démocratie fait peser sur la stabilité des nations.
Avec force et conviction, j’affirme ici à son adresse, que les élections truquées et l’absence de transparence, constituent le terreau sur lequel éclosent les menaces nouvelles contre le monde libre.
La menace d’instabilité à tous les niveaux politique, économique et social. La menace, dans cette instabilité, d’un pays parallèle avec son cortège de dangers. Les exemples sont nombreux et récents en Afrique, parce que l’on aura privilégié les hommes forts au détriment des Etats forts et de la souveraineté des peuples.
J’invite la communauté internationale à prendre toute la mesure de la situation du Gabon aujourd’hui.
Un Gabon démocratique, où la transparence et l’État de droit sont de mise, prendra toute sa part dans la recherche de solutions aux défis de notre temps. Pour ce faire, il doit commencer par respecter le verdict des urnes.
J’en appelle donc à tous les démocrates du Gabon et d’ailleurs. Avec leur concours et grâce à leur mobilisation, nous allons faire respecter le choix du peuple gabonais.
Aux Gabonaises et Gabonais, je redis : 2016 n’est et ne sera pas 2009.
Regardons la vérité en face. Battons-nous pour faire respecter le choix du peuple souverain.