L’ancien ministre de la Justice s’est dit favorable, le 24 septembre dernier sur France 24, au recours à la démocratie directe au Gabon à travers, notamment, la reprise du scrutin présidentiel sous contrôle international.
Invité sur France 24, le 24 septembre dernier, l’ancien ministre de la Justice, exilé en France, est longuement revenu sur la situation au Gabon, après la confirmation de la réélection d’Ali Bongo par la Cour constitutionnelle. S’inscrivant parmi les contestataires de cette décision, Séraphin Moundounga a préconisé la reprise du scrutin présidentiel sous contrôle international, appelant la communauté à prendre un certain nombre de mesures.
«La communauté internationale doit prendre des sanctions ciblées sur des personnes et nous devons ensuite mener un ensemble d’actions judiciaires contre les personnes visées, jusqu’à ce que nous allions vers la Cour pénale internationale (CPI)», a déclaré l’ancien ministre Garde des Sceaux, «Nous pensons que le peuple gabonais ne se reconnaissant plus à travers ses représentants, nous devons exercer la démocratie directe. Il faut que le peuple exprime sa souveraineté directement, car la souveraineté nationale appartient au peuple. Nous avons essayé toutes les institutions, mais il s’avère que toutes les institutions représentatives ne sont pas dignes», a ajouté Séraphin Moundounga, prenant en grippe la Cour constitutionnelle, assimilée à la tour de Pise.
Il a notamment déploré que cette juridiction ait annulé 21 bureaux de vote dans le deuxième arrondissement de Libreville. «Mais elle n’a pas fait que cela : elle a refusé la demande exprimée par Jean Ping, le peuple gabonais et l’ensemble de la communauté internationale, de procéder au recomptage des voix bureau de vote par bureau dans la province du Haut-Ogooué, en particulier ; et dans toutes les provinces en général», a-t-il ajouté, soulignant que le calme observé dans le pays est apparent. «Les populations sont dans l’attente du mot d’ordre de Jean Ping par rapport à la décision de la Cour, qui est particulièrement inique», a-t-il affirmé.
Ancien ministre sous le premier mandat d’Ali Bongo, Séraphin Moundounga est également revenu sur les raisons de sa démission du gouvernement. «J’ai démissionné pour demander à Ali Bongo d’accepter le recomptage des voix avant que les résultats provisoires ne soient rendus publics. Ce qu’il a refusé», a-t-il expliqué à nouveau. «J’ai également expliqué qu’il ne pouvait y avoir l’intervention d’un hacker dans un processus électoral où les résultats sont transmis de manière traditionnelle via des procès-verbaux manuscrits», a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, Séraphin Moundounga a une nouvelle fois insisté sur le rôle de la communauté internationale face au contexte actuel dans le pays. «Il est du devoir de la communauté internationale de voler au secours du peuple gabonais, dont les droits fondamentaux ne sont plus garantis, au regard du nombre de morts et d’enlèvements», a déclaré l’ancien ministre, faisant notamment allusion aux enlèvements et déportations d’Alfred Nguiabanda et Léon Paul Ngoulakia ; et les assassinats d’un haut gradé de la Marine nationale et d’un homme d’affaires.
«Il y a donc une situation de terreur qui est organisée et cette dernière ne facilitera pas, bien entendu, le développement de l’activité économique dans le pays, mettant ainsi en danger les intérêts de la communauté internationale ayant investi au Gabon», a conclu Séraphin Moundounga