Le ministre de la Justice, Denise Mekam’ne, a annoncé, à quelques heures de la l’annonce des résultats du contentieux électoral par la Cour constitutionnelle, que l’Etat gabonais a saisi la Cour pénale internationale (CPI) suite aux événements du 31 août dernier.
La tension continue de monter au Gabon à la veille du délai imparti à la Cour constitutionnelle pour livrer le verdict du contentieux électoral du scrutin du 31 août 2016 et annoncer le résultat définitif de cette élection. Si le 21 septembre 2016, quatre ministres du gouvernement gabonais qui ont accentué la pression sur le camp de Jean Ping, les mettant en garde contre tout acte pouvant troubler la stabilité du pays, ce jeudi 22 septembre, c’est le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Denise Mekam’ne qui est revenu à la charge.
Dans une déclaration faite en milieu de journée, le ministre de la Justice a surpris l’opinion avec l’annonce d’une saisine de la Cour Pénale internationale par l’Etat. Denise Mekam’ne a affirmé que «l’Etat gabonais a pris la décision de saisir la Cour pénale internationale suite aux événements postélectoraux du 31 août dernier». Une annonce pour le moins étonnante pour un gouvernement qui dispose de tous les moyens juridiques et sécuritaires «Cette procédure a été engagée parce que ce qui devait rester un défi électoral et républicain peut prendre des contours inattendus où la vie des Gabonais est en jeu», a lancé Denise Mekam’ne.
Pour justifier cette plainte déposée depuis le 21 septembre 2016, le ministre de la Justice a souligné que «le Gabon appui sa requête sur une série d’éléments et de faits faisant apparaître la commission de crimes contre l’humanité». «En l’espèce, les actes de privation grave des libertés et persécutions, ainsi que des propos incitant à la commission des crimes de génocide», a-t-elle expliqué.
Si le ministre précise qu’il s’agit d’un «moment très important», elle a argumenté que «le Gabon demande instamment à la procureur près la Cour pénale internationale d’ouvrir une enquête et d’envoyer dans les plus brefs délais des enquêteurs sur place». Pour Denise Mekam’ne la mission de ces enquêteurs sera de faire «constater les crimes déjà commis et prévenir dans un proche avenir la survenance d’actes de déstabilisation du pays et de recours à la violence». Pour mener et suivre cette affaire auprès de la CPI, le Garde des sceaux a précisé que le Gabon s’est attaché les services «d’avocats renommés, respectés et venant de tous horizons culturels et philosophiques». «Aucun d’eux n’a jamais été mêlé aux dérives de ce que l’on nomme la FrancAfrique», Il s’agit de Patrick Klugman, Ivan Terel, et Christophe Ingrain, avocats au barreau de Paris, Bertrand Homa Moussavou, avocat au barreau du Gabon et David Chilstein, professeur de droit pénal à Paris1.
Il convient de rappeler que le 21 septembre 2016, deux plaintes de franco-gabonais avaient été déposées en France à la suite des violences post-électorales au Gabon après la victoire contestée d’Ali Bongo à la présidentielle. Les avocats de ces plaignants comptent également saisir la CPI. Les plaintes ont été déposées pour «arrestation et détention arbitraire en bande organisée, torture et actes de barbarie en bande organisée, tentative d’assassinat et crime contre l’humanité», avait indiqué l’un des deux avocats du collectif, Me William Bourdon. Vraisemblablement, les choses se corsent au Gabon.