C’est le bilan fait par le collectif des commerçants du marché banane au cours d’une assemblée générale tenu le 19 septembre à Libreville. Il envisage d’engager des procédures administratives pour un éventuel dédommagement.
Le marché banane du PK8 à Libreville n’existe plus que de nom. Il a fait les frais des violences post-électorales des pilleurs et des vandales. « L’ensemble du marché a été totalement pillé et saccagé. Tout est à refaire, le marché a arrêté ses activités», lance une commerçante très attristée par son sort, car désormais au chômage.
Scène de désolation à l’entrée du marché, les commerçantes vendent à nouveau la banane au sol dans la mesure où elles n’ont plus accès au hangar du marché. La banane est débarquée en plein air, à la route, avec tous les risques d’hygiènes et de sécurité que cela comporte.
C’est avec le verbe bas et le visage fermé que Clément Ndjota, le président du collectif des commerçants du marché banane, prend la parole pour encourager les siens à aller de l’avant, de constituer des dossiers sur la base des données chiffrées. « C’est une atmosphère de chaos ! C’est vraiment une grande perte, l’ardoise est trop salée ! Les motivations des individus et des familles entières sont au plus bas. Les Gabonais ne savant pas à quel saint se vouer», martèle-t-il, à la fois désemparé et dépité.
«Suite au préjudice dont les commerçants ont été victimes le mercredi 1 septembre après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle par la Cenap, un collectif a été mis en place afin de collecter tous les dossiers d’hommes et de femmes concernés par la destruction et la perte de leurs fonds de commerce respectifs. Nous adresserons des correspondances aux autorités compétentes pour qu’on puisse se faire dédommager par l’Etat», ajoute-t-il.
Le gérant du marché, Séraphin Lundy Ndemba, dresse un bilan exhaustif des pertes subies par les commerçants de ce marché. «Plus de 1500 familles sont au chômage aujourd’hui à cause de cet incident malheureux. La plupart des structures commerciales ont été totalement pillées et saccagées», déplore-t-il.
«Nous avons 141 magasins, 196 box, 113 espaces de friperie et accessoires téléphones sur les pavés, 509 étals et 109 espaces de grossistes. Nous estimons l’ensemble des dégâts matériel et financier à plus 7 milliards de Fcfa. Le gouvernement ne nous dit rien. Le marché est inexistant. Nous avons perdu des grands opérateurs économiques qui offraient des services de qualité aux clients : des bureaux Airtel money, Bgfi Loxia, Cash Point Services (CPS), Epargne développement du Gabon (EDG), le magasin Centr’Affaires, la pharmacie et plusieurs autres commerces importants», précise le gérant du marché.
Autant dire que les commerçants du marché banane porteront encore longtemps les stigmates de ces violences postélectorales. Déjà, lors des travaux de leur assemblée générale, d’aucuns ont éprouvé toutes les peines à honorer leur cotisation hebdomadaire fixée deux mille francs de manière collégiale. L’espoir de commerçants qui ont tout perdu en un jour est plus que jamais tourné vers l’Etat gabonais.