Depuis la première élection présidentielle de l’ère démocratique, en 1993, aucun scrutin de cette catégorie n’a eu lieu sans avoir été habitée par le spectre d’une guerre en gestation, à travers de surprenantes découvertes d’armes ou d’équipements militaires. La découverte de tenues militaires ce lundi 19 septembre et celle d’une arme de guerre et quelques munitions, deux semaines plus tôt, laissent songeur sur les mobiles réels de ces «affaires».
Encore une découverte d’équipement de guerre, serait-on tenté de s’exclamer ! Les trouvailles de ce genre sont devenues légion à chacune des élections présidentielles au Gabon depuis 1993. Devenues énigmatiques, car ne révélant jamais les responsables au terme des enquêtes judiciaires, ces découvertes apparaissent davantage comme des épouvantails.
En 1993, Mba Abessole, opposant virulent au régime Bongo avait été accusé de détenir une cache d’armes et d’entretenir une milice aux ordres des généraux André Eyeghe et Mengome Atome. Après le scrutin présidentiel de décembre 2005, Pierre Mamboundou avait fait les frais de soupçons de détention d’armes de guerre par le gouvernement, lequel avait commis une perquisition à son siège d’Awendjé en mars 2006. L’enquête restera sans suite tout comme celle ouverte autour la présidentielle de 1998 au sujet d’une cache d’armes de l’UPG dans la zone du Cap Estérias. Un informateur alors présenté au public par Louis-Gaston Mayila au cours d’une conférence de presse soutenait pourtant mordicus l’existence de l’armurerie interlope. Plus récemment en 2009, André Mba Obame avait connu le même traitement. Il avait été accusé de vouloir créer le chaos dans le pays avec des armes importées de Guinée-Equatoriale. Un journaliste de grande notoriété fut commis à un témoignage ne pouvant pas résister à la confrontation avec les généraux cités des pays voisins fournisseurs.
En avril 2015, 13 caisses d’armes ont été découvertes sur l’île Nende, au large du Cap Esterias, au Nord de Libreville. Le lot était constitué des kalachnikovs, mitrailleurs, pistolets automatiques individuels, lances roquettes, grenades, mortiers et munitions. Cette découverte intervenait alors que l’opposition se préparait activement à un grand meeting s’inscrivant dans la perspective de la présidentielle du 27 août 2016, avec Jean Ping en pole position. Les suites de l’enquête sont toujours attendues.
Au moment où les regards sont tournés vers la Cour constitutionnelle, ces découvertes sont-elles destinées à apeurer la population ou à lui prouver l’efficacité des forces de défense et de sécurité dans la sécurisation des Gabonais et de leurs biens ?
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