La haute représentante de la commission de l’Union européenne, Federica Mogherini, et les vice-présidents de cette organisation, Jyrki Katainen Et Kristalina Georgieva, présentent dans le libre-propos ci-après, la portée et les ambitions du plan d’investissement extérieur de l’Union européenne, qui vise à stimuler la croissance et à favoriser la stabilité dans les pays voisins de l’UE et en Afrique.
En ces temps difficiles, nous devons élaborer des solutions à la hauteur de la situation. En faisant preuve d’innovation, et d’ambition. Nous devons soutenir notre croissance interne et le bien-être de nos citoyens. Et nous devons coopérer avec nos voisins pour soutenir leur croissance, leur stabilité et leur bien-être. Nous ne pourrons relever ce défi qu’en travaillant ensemble, en associant le secteur public et le secteur privé, les institutions financières et la société civile. Aujourd’hui, en tant qu’Union européenne, nous donnons l’exemple. Alors que les besoins ne cessent de croître et les ressources de diminuer, l’UE a dû trouver de nouvelles façons d’utiliser au mieux les fonds publics. Elle l’a fait à nouveau cette semaine. Nous avons présenté un réexamen global du budget de l’UE, qui permettra de libérer un montant supplémentaire de 6,3 milliards d’euros pour financer les domaines prioritaires d’ici à 2020, de rendre l’utilisation du budget plus souple et de réduire les formalités administratives pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les organisations non gouvernementales. Surtout, nous avons renforcé un fonds de garantie pour les investissements créateurs d’emplois en Europe, et nous sommes en train d’en créer un nouveau, qui vise à stimuler la croissance et à favoriser la stabilité dans les pays voisins de l’UE et en Afrique.
La création du plan d’investissement pour l’Europe ou plan Juncker, comme on l’appelle souvent et de son Fonds européen pour les investissements stratégiques constitue un tournant dans notre réponse collective à la crise économique. Soumis à des contraintes financières strictes, le financement public ne pouvait à lui seul stimuler l’économie et créer des emplois pour nos citoyens. Les liquidités privées ne manquaient pas, mais encore fallait-il les mobiliser. Le nouveau fonds, en coopération avec des institutions financières internationales, a permis d’apporter une garantie aux investissements privés dans des secteurs clés et d’offrir un soutien direct à nos PME.
Nous avions déjà utilisé des instruments financiers, mais ce n’était qu’un premier pas. Cette fois, nous sommes allés au bout de l’expérience: une garantie de 16 milliards d’euros provenant du budget de l’Union européenne, complétée par 5 milliards d’euros issus du capital de la Banque européenne d’investissement, visant à débloquer plus de 315 milliards d’euros d’investissement en Europe.
Ce plan d’action est une réussite. Douze mois seulement après son lancement, plus de 200 000 PME devraient en bénéficier. Parce qu’il s’agit d’un moyen intelligent d’investir nos fonds, nous sommes maintenant résolus à doubler l’EFSI en Europe, en termes de durée et de capacité financière. Aujourd’hui, nous proposons de porter les investissements à au moins 500 milliards d’euros sur 5 ans, en mettant davantage l’accent sur les investissements durables et les projets transnationaux. Et nous pouvons doubler ce fonds encore plus vite, pour atteindre 630 milliards d’euros, si les États membres apportent leur contribution.
Tout aussi important: nous appliquons le même principe en dehors de notre continent, en lançant un nouveau plan d’investissement externe.
Si on regarde le voisinage de l’Europe, on voit des régions possédant un potentiel énorme, mais qui sont freinées par la guerre, la pauvreté, le manque d’infrastructures et une gouvernance médiocre. Des millions de jeunes sont en quête d’un avenir meilleur. Ils sont nombreux à entreprendre un voyage périlleux vers l’Europe, au risque de leur vie, pour tenter d’y arriver. D’autres deviennent des cibles faciles pour la propagande des groupes terroristes.
L’Union européenne peut agir sur ces processus négatifs en stimulant la croissance et en créant des emplois dans notre région au sens large. Les entreprises européennes emploient des centaines de milliers de personnes à travers le monde, offrent à beaucoup la possibilité de réussir dans leur propre pays, et contribuent à lutter contre l’une des causes profondes des migrations.
Ces investissements constituent une bonne stratégie en matière de politique étrangère. Mais pour que des entreprises privées s’établissent dans un nouveau pays ou y développent une activité existante, il faut leur assurer une sécurité et une protection contre les risques financiers et juridiques, et contre l’instabilité.
C’est là que le plan d’investissement extérieur entre en jeu. S’appuyant sur une garantie d’1,4 milliard d’euros issue du budget de l’UE, il vise à mobiliser 40 milliards d’euros d’investissement dans les pays voisins de l’UE. C’est plus que ce que l’Union européenne investit actuellement chaque année dans l’aide au développement dans le monde. Et ce montant pourrait être doublé si nos États membres apportent une contribution égale à celle du budget de l’UE.
Le Fonds européen pour le développement durable (EFSD) offrira aux investisseurs privés une garantie contre les risques auxquels ils sont confrontés lorsqu’ils créent une entreprise dans un pays en développement. Cette garantie encouragera non seulement des projets individuels, mais aussi des «volets d’investissement» dans des régions ou des secteurs stratégiques.
Les investisseurs privés et institutionnels, établis en Europe et dans nos pays partenaires, pourront se tourner vers un «guichet unique» pour soumettre leurs propositions et réunir des informations sur les mesures d’incitation. Le plan d’investissement externe fournira également une assistance technique pour améliorer la qualité, le nombre et la viabilité des projets. La Commission européenne, la Banque européenne d’investissement et d’autres institutions financières internationales bénéficiant de l’avis d’opérateurs privés spécialisés travailleront main dans la main pour examiner rapidement les projets, en tenant compte des besoins des entreprises.
La mise en oeuvre sur le terrain bénéficiera d’un appui solide de l’UE et de ses partenaires.
L’Union européenne peut apporter une aide globale et améliorer l’environnement général des entreprises dans chaque pays. Les investissements seront accompagnés de dialogues stratégiques et d’activités de renforcement des capacités. Notre action sera coordonnée et concertée, dans l’esprit de notre stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité.
Le plan d’investissement extérieur donne une ampleur nouvelle à nos politiques d’aide au développement. À l’heure où nous renforçons notre engagement financier en faveur du développement durable, nous avons besoin que le secteur privé se mobilise. Nous étions déjà dans cette dynamique lorsque nous avons contribué à élaborer le programme d’action d’Addis-Abeba, ainsi que les objectifs de développement durable. En collaboration avec nos partenaires en Afrique et dans les pays voisins de l’UE, nous pouvons aider les jeunes à réaliser leur potentiel, tout en ouvrant de nouveaux débouchés aux entreprises européennes. Un nouveau chapitre de la politique européenne de développement vient de s’ouvrir. Il s’inscrit dans une stratégie globale visant à optimiser l’utilisation des fonds européens, dans l’UE comme à l’étranger.