Depuis la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle du 27 août 2016, les ménages s’activent avec les moyens dont ils disposent, sachant que la fin du mois est attendue avec beaucoup d’impatience, pour s’approvisionner en vivres et autres produits de consommation dans l’objectif de prévenir une éventuelle crise qui naîtrait de la non- observation de la Démocratie.
Jamais l’on n’avait vu pareille foule dans les hypermarchés et autres marchés des grandes métropoles gabonaises. Les lieux de commerce ne désemplissent pas jusqu’à leur fermeture depuis que de nombreux gabonais qui ont visiblement décidé de changer d’homme à la tête de l’Etat, en atteste le vote massif en faveur de l’alternance, ont vu certains de leurs compatriotes, essuyer les balles des forces de l’ordre et tomber pour ne plus se relever dans plusieurs cas.
Par conséquent, ils se sont mis à redouter le pire au cas où la décision de la Cour constitutionnelle ne satisfaisait pas le plus grand nombre. Ceci explique donc la ruée vers les magasins et autres points de vente achalandés comme jamais avant pour assurer, au cas où, leur survie et celle de leur progéniture, vu qu’en période de crise, il est souvent plus facile de se terrer chez soi que de mettre son nez, fut- il beau, dehors.
Du coup, l’observateur que nous sommes est en droit de se demander si une telle psychose qui s’empare davantage des Gabonais gratifie leur pays du qualificatif de ‘’démocratique’’, surtout lorsque l’on sait qu’elle résulte de l’observation de faits vécus qui pourraient selon certains dires s’amplifier avec le temps, tel n’est pourtant pas le souhait des populations qui ne rêvent que de paix véritable pour vaquer à leurs occupations et se rendre utiles au pays et au monde. Est- il besoin en plein siècle de la Communication et des Droits de l’Homme de vivre encore ce genre de frayeur ? Mais en fait, de combien dispose le Gabonais lambda pour pouvoir subsister longtemps lorsqu’apparait une crise ?
Telle est la question que devraient se poser les acteurs politiques qui, eux, ont de quoi se nourrir pendant des mois et bénéficient même des largesses des partenaires de leur pays en cas de difficultés, ce qui n’est pas le cas du citoyen d’en- bas. Comment ne pas tenir compte de cette donne non négligeable lorsque l’on aspire à gouverner des gens qui ont peut- être le seul tort de venir se prononcer via les urnes pour un tel ou un tel autre compatriote ?
Le manège que l’on observe crée également des problèmes pour les commerçants et hommes d’affaires dont les activités vont devoir tourner au ralenti pendant un temps du fait de l’embarras qu’ils ont à vaquer à leurs occupations ou à mobiliser les travailleurs alors que la rue est à tout moment prête à s’embraser.
Ce qui se passe aujourd’hui dans les grandes villes gabonaises a de quoi inquiéter en même temps qu’il ne donne pas une image reluisante de la Démocratie si chèrement acquise dans les années 90. L’espoir des uns et des autres réside dans la prise de conscience des institutions compétentes pour qu’elles comprennent le cri de détresse des populations et s’arrangent du mieux qu’elles peuvent à abréger les souffrances du Peuple meurtri, tout le monde le sait, par des décennies de mal-gouvernance dont le pays a encore du mal à sortir, sinon tous les Gabonais vivraient aujourd’hui au- delà du seuil de pauvreté.
Ajouter à la souffrance de gens qui endurent déjà suffisamment, n’est- ce pas faire preuve de très peu d’humanisme ? Les Gabonais, majoritairement très pieux, croient cependant que Dieu veillera sur eux pour qu’ils surmontent rapidement le stress, cause de plusieurs maladies, en particulier les accidents vasculaires cérébraux, l’une des principales causes de mortalité par les temps de profonde incertitude que traverse le pays.