Dans une déclaration publiée le 15 septembre sur les réseaux sociaux, l’ancien ministre de la Justice appelle Ali Bongo à la sagesse au nom de la paix et de la démocratie et à la gloire du peuple gabonais. Il donne des conseils au président sortant pour éviter qu’il ne soit “désavoué par la Cour Constitutionnelle et surtout qu’il ne soit pas obligé d’appliquer le scénario suicidaire de forcer la Cour Constitutionnelle à le déclarer vainqueur par la puissance de l’argent et la brutalité de la baïonnette, s’exposant ainsi, lui-même, à la vindicte populaire et à la comparution devant la Cour Pénale Internationale.”
Après sa démission du gouvernement, l’ancien ministre de la Justice fait à nouveau parler de lui dans un document publié sur les réseaux sociaux, le 15 septembre, et dont Gabonreview s’est procuré une copie. Intitulée «Ultime appel de Séraphin Moundounga à la sagesse d’Ali Bongo Ondimba au nom de la paix et de la démocratie et à la gloire du peuple gabonais», cette déclaration se décline en un rappel événementiel, suivi d’une conclusion suggestive. Dans la première partie, Séraphin Moundounga rappelle sa déclaration préventive, le 30 août dernier, invitant au recomptage des voix.
«Si cela donnait victorieux Ali Bongo Ondimba, la paix serait préservée et l’opposition n’aurait rien à redire. Dans le cas contraire, si le comptage donnait la victoire à Jean Ping, j’ai invité Ali Bongo de faire preuve d’ultime sagesse en appelant Jean Ping pour le féliciter et ainsi contribuer au raffermissement démocratique et rentrer dans l’histoire», a rappelé l’ancien Garde des Sceaux.
Or, rappelle l’ancien ministre, en réponse à cette déclaration, il a essuyé une tentative d’enlèvement tandis que, dans le même temps, des «zélés fondamentalistes politiques» ont convaincu Ali Bongo qu’un «hacker ivoirien aurait massivement inversé les résultats, en faveur de Jean Ping». «Ce qui est pourtant impossible car le système électoral gabonais ne peut faire l’objet d’un piratage informatique dans sa phase de transmission des résultats des bureaux de vote vers la Cour constitutionnelle», a expliqué Séraphin Moundounga.
Plus loin, le Séraphin Moundounga a également évoqué sa déclaration du 4 septembre, expliquant la légalité du recomptage en invoquant le principe général de droit selon lequel «Tout ce qui n’est pas dit n’est pas interdit». Il est également revenu sur les événements ayant suivi sa démission, le 5 septembre. Notamment la «tentative d’assassinat dans la nuit du 6 au 7 septembre à mon domicile d’Angondjé, commune d’Akanda, avec vidéo surveillance altérée et enregistreur emportée par cinq personnes cagoulée, armées et ayant passé des menottes à mon gardien», a relaté l’ancien ministre. Il a également mentionné l’encerclement de sa villa par les forces de l’ordre et la rafle de tous les gardiens des voisins, «après que je venais de récupérer quelques affaires, ces gardiens ayant été torturés pour les forcer à dénoncer dans quel domicile voisin je me serais refugié». Autant d’événements l’ayant conduit à quitter le pays, dans la nuit du 10 au 11 septembre, avec transit par l’aéroport de Yaoundé pour Bruxelles puis Paris, le 12 septembre.
Passé cette entrée en matière, Séraphin Moundounga énonce ensuite sa «conclusion suggestive», livrée ci-après intégralement :
II- Conclusion suggestive
Les démarches entreprises en direction de Monsieur Ali Bongo Ondimba visaient :
-Prévenir l’implosion du Gabon et de la sous-région Afrique Centrale, au regard de l’insécurité qui se “capillarise” dans toute l’Afrique ; préservation de la stabilité recherchée grâce au recomptage des voix, préalablement à la publication des résultats, au nom de la paix et de la transparence démocratique, pour conforter par ailleurs Monsieur Ali Bongo Ondimba au cas où il était déclaré élu ou bien pour qu’il puisse accepter la victoire de l’adversaire, Monsieur Jean PING, si c’était le cas et, dans cette dernière hypothèse, lui ouvrir le loisir soit de continuer à diriger un PDG qui deviendrait parti de l’opposition, soit encore à aller prendre siège de membre de droit à la Cour Constitutionnelle, avec voix délibérative, conformément à l’article 7 de la loi organique sur ladite Cour.
-Eviter à Monsieur Ali Bongo Ondimba d’être désavoué par la Cour Constitutionnelle et surtout qu’il ne soit pas obligé d’appliquer le scénario suicidaire de forcer la Cour Constitutionnelle à le déclarer vainqueur par la puissance de l’argent et la brutalité de la baïonnette, s’exposant ainsi, lui-même, à la vindicte populaire et à la comparution devant la Cour Pénale Internationale.
Il est encore temps qu’il se retire du pouvoir exécutif et même du pays et qu’il laisse à la Cour Constitutionnelle la liberté de travailler sereinement, sinon, il faut commettre une force internationale dont la mission sera de protéger les membres de ladite Cour car si, celle-ci est contrainte, sous la pression de la Garde Républicaine, poussée par des fondamentalistes fanatisés et désormais retranchés au Palais Présidentiel, à proclamer, les résultats, sans recomptage transparent, Monsieur Ali BONGO Ondimba vainqueur, l’embrasement sera total. En effet :
-l’opposition a 174 PV du Haut Ogooué, sur 297, qui prouvent une victoire nette de Monsieur Jean Ping, en ajoutant les voix de ces 174 PV aux résultats, des 8 autres provinces où il totalise 169 599 voix, publiés par les 8 Gouverneurs contre seulement 108 659 voix à Monsieur Ali Bongo Ondimba, soit un écart de 60940 voix, étant entendu par ailleurs, que sur les 174 PV, le résultat de Monsieur Jean Pin& soit 3990 voix, est déjà supérieur à celui rendu public. Pour tous les 297 PV de toute la province du Haut-Ogooué, par le ministre de l’Intérieur qui lui attribue, seulement et curieusement 3071 voix ;
-plus accablant, le nombre d’électeurs s’étant abstenu, les 174 PV détenus par l’opposition et les observateurs internationaux on plus de 10 000 abstentions là où le Ministre de l’Intérieur et la CENAP annoncent 47 abstentions et un taux de participation illicitement démontrable de 99,93 % sur 71 714 inscrits ;
-en retranchant les 10 000 abstentions de l’artificiel et même virtuel résultat accordé à Monsieur Ali Bongo Ondimba, son aussi virtuelle avance de 6000 voix va fondre comme glace au soleil, en l’engloutissant lui-même et ses malhabiles architectes de la fraude, dans une falaise insurmontable.
-à cela, s’ajoute la corruption, du Vice-Président et de l’Assesseur de l’opposition à la commission provinciale électorale du Haut-Ogooué, constatée par PV d’Huissier de justice, corruption qui est constitutive d’un motif d’annulation de l’ensemble du scrutin dans la province du Haut-Ogooué, aux fins de le reprendre ou encore de proclamer les résultats nationaux sans tenir compte de ceux de cette province du Haut-Ogooué.
Toutefois, Monsieur Ali Bongo, en acceptant, volontairement sa défaite, peut se dépeindre de l’opprobre d’être fraudeur et corrupteur, en arguant que ces actes malveillants sont le fait de ceux qui lui ont toujours caché la réalité du terrain quant à son bilan et à son impopularité, pour que ces derniers soient les seuls à répondre des telles graves atteintes à loi pénale et la stabilité du pays dont le peuple pleure déjà plusieurs morts et dont plusieurs filles et fils souffrent de graves atteintes physiques et psychologiques ainsi que de la destruction de plusieurs biens, destruction des biens ayant également affecté les opérateurs économiques installés au Gabon.
Vivement que cesse au Gabon le régime de la terreur, de l’oppression et de la déshumanisation.
Que l’on cesse de tuer et de torturer.
Que cessent les enlèvements à l’instar de :
– ceux auxquels j’ai personnellement échappé,
– celui du député démissionnaire Bertrand NZIBI et dont parents et amis sommes sans nouvelles depuis plus d’une semaine,
– celui du Colonel d’Armée de Terre à la retraite MACKITA NYEMBO dont on est aussi sans nouvelles,
– celui du Colonel de l’Armée de l’Air à la retraite Dominique IKOUERÉ , dans les mêmes conditions que les autres,
-celui du Général d’Armée à la retraite et ancien député de l’inaugurale 8e législature (1990-1996) Simon MENGOME ATOME dont le domicile de Libreville est actuellement encerclé par les éléments de la Garde Républicaine, après qu’elle ait encerclé, en vain, son domicile et un hôtel d’Oyem il y a quelques jours,
-celui de la déportation, de Cocobeach via Oyem vers une destination inconnue, alors qu’il voulait quitter le Gabon pour se mettre en sécurité à l’étranger, du jeune Karl MIHINDOU, fils de l’ancien Ministre feu Valentin MIHINDOU MI-NZAMBA sous le régime Omar 13ONGO ONDIMBA.
Vivement qu’une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies place le peuple gabonais et tous ceux qui résident au Gabon, sous protection d’une force internationale, dont la mission, dès cette semaine, serait de commencer à protéger la Cour Constitutionnelle et ses membres, alors même qu’une intervention d’humanité peut être déclenchée, conformément au droit international, par tout Etat étranger qui souhaite protéger ses nationaux présents au Gabon comme résidents ou comme observateurs.»
NDLR : le document aurait été «fait à Bruxelles ce jour, le jeudi 15 septembre 2016» et signé par le Président de l’ONG UNITÉ, Dr .Séraphin MOUNDOUNGA, Ancien Vice-Premier Ministre du Gabon