Connu pour être le quartier altogovéen par excellence à Libreville, le bastion de Patience Dabany, Akébé 2 a été le théâtre d’une « marche de la paix », le 14 septembre courant. Avec des relents de repli identitaire, avec un leader qui bande et montre les muscles, les jeunes de ce quartier ont réaffirmé leur soutien à Ali Bongo, mais aussi dénoncé la stigmatisation des Altogovéens et les émeutes post-électorales.
Soucieux de voir la paix régner au Gabon, les jeunes du quartier Akébé 2, dans le troisième arrondissement de Libreville, ont organisé une marche dénommée « marche de la paix ». Initiée par de Laccruche Alianga, président de l’Association des jeunes émergents volontaires (AJEV), la marche qui a eu pour itinéraire l’unique artère carrossable du quartier, pour finir au petit marché du Pont d’Akébé, avait pour objectif de réaffirmer le soutien des participants à Ali Bongo, dénoncer les violences survenues après la proclamations des résultats de l’élection présidentielle, mais aussi fustiger la stigmatisation dont seraient l’objet les ressortissants de la province du Haut-Ogooué.
« Nous ressortissants du Haut-Ogooué nous sommes devenus l’objet des discriminations parce que nous avons voté pour Ali Bongo. C’est notre choix. Parce que nous sommes libres et nous pensons qu’Ali est le seul aujourd’hui capable de mener le Gabon vers un véritable développement à travers les projets qu’il a initiés que le projet Graine, la CNAMGS, et bien d’autres. Alors je ne comprends pas le procès qu’on nous fait aujourd’hui », a lancé l’un des organisateurs de la marche.
Pour sa part, Brice Laccruche Alihanga a estimé que le silence affiché jusqu’à ce jour par les populations du Haut-Ogooué n’est pas une forme de faiblesse. Bien au contraire, a-t-il lancé, c’est parce que les Altogovéens aiment la paix. « Depuis la crise électorale nous magasins ont été cassés, pillés par des manifestants soutenant Jean Ping qui a perdu l’élection présidentielle passée et nous n’avons rien dit », a-t-il lancé avant de procéder aux mises en garde : « Mais cette fois-ci, nous mettons en garde tous ceux qui oseront encore organiser des pillages ici à Akébé ou ailleurs. L’élection n’est pas une guerre. Celui qui a perdu doit accepter le verdict des urnes. Mais ce n’est pas ce que nous constatons. C’est regrettable ! Mais aux casseurs, nous saurons désormais répondre par tous les moyens », a déclaré le président de l’AJEV, sans toutefois préciser les fameux moyens avec lesquels ses suiveurs et lui attendent répondre à leurs adversaires le moment venu.
De l’avis de nombreux riverains et au constat sur les lieux, Akébé 2, zone sous-intégrée comme toutes les autres du grand quartier populaire d’Akébé-Plaine, n’a pas été touchée par les dernières émeutes postélectorales. Des brigades de jeunes y avaient été montées pour bloquer la ruée des manifestants. Si la zone est connue pour être une concentration à Libreville des natifs du Haut-Ogooué, elle n’en reste pas moins cosmopolite en ceci qu’elle abrite également des originaires de nombreuses autres provinces. «À quoi joue Laccruche Alihanga ? Cherche-t-il à créer une tension ici ? Il file en tout cas le mauvais coton du provincialisme, voire de l’ethnisme. Toutes les ethnies vivent en bonne intelligence ici à Akébé 2. Qu’est-ce qu’on veut nous faire croire», commente et interroge une jeune dame, vendeuse de manioc visiblement instruite, au lieu dit Pont d’Akébé. La crise post-électorale est vraisemblablement encore loin de son dénouement.