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Cybercriminalité électorale : «Un grossier mensonge d’Etat», dixit Privat Ngomo
Publié le mercredi 14 septembre 2016  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Privat Ngomo, responsable de l’ONG Akamayong
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Dans une interview accordée à Nku’u Le Messager, le président de la commission scrutin de Jean Ping revient longuement sur l’amalgame autour de l’application Fast Collect, taxée de plateforme cybercriminelle par le gouvernement.

Accusé d’avoir falsifié les résultats de la dernière présidentielle par piratage informatique, le camp Jean Ping a rejeté en bloc ces réprobations. Membre de la coordination nationale de campagne de Jean Ping, Privat Ngomo est longuement revenu avec l’hebdomadaire Nku’u Le Messager, sur les résultats ayant proclamé Ali Bongo vainqueur du dernier scrutin présidentiel. Pour lui, il s’agit de résultats falsifiés, qui ne sauraient être corrélés «aux résultats sincères issus de la simple compilation des scores des différents bureaux de vote par l’application Fast Collect». En effet, a expliqué l’informaticien, l’application évoluait sur une plate-forme web client-serveur. «Chaque province possédait deux à trois centres de collecte ou des agents de saisie renseignaient in situ la base centrale de données hébergée dans un serveur du Net ; ceci grâce à un réseau virtuel privé accessible via les modem d’accès Thuraya», a affirmé Privat Ngomo.

«Ce sont donc bien des procès-verbaux récollectés par les agents de saisie aux différents QG de centralisation provinciaux qui ont été dématérialisés et leurs résultats transmis via le satellite à la base centrale accessible à tous les membres du pôle informatique», a poursuivi Privat Ngomo. «Consolidés et compilés dans le serveur, les résultats pouvaient être édités au fur à mesure par centre de vote, par localité, par département et par province au quartier général central de Libreville», a-t-il ajouté, soulignant que la tendance issue de l’application Fast Collect, donnant Jean Ping vainqueur dans 6 provinces, a été confirmée par la proclamation officielle des résultats par les gouverneurs de province, à l’exception de celle du gouverneur du Haut-Ogooué qui n’avait pas encore eu lieu.

Amené à se présenter, Privat Ngomo a laissé entendre qu’il est titulaire d’un diplôme de 3e cycle en Mathématiques-informatique fondamentale, obtenu à l’académie de Montpellier en France, à l’Université des Sciences et Techniques du Languedoc Roussillon (USTL). «Je suis donc par ma formation universitaire un scientifique qui a décidé d’embrasser le métier d’informaticien. Par ailleurs, je suis actuellement cadre à l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (Aninf) rattachée à la présidence de la République. Je fus de 2011 à 2013, au sein de cette institution, le chef du projet Autorité de certification nationale (ACN) qui venait en amont du projet Iboga sur les élections et qui abordait fondamentalement les questions liées à la cryptologie, ou pour parler plus simplement, à la sécurité cybernétique qui porte d’une part, sur la protection des données à caractère personnel (biométrie), et d’autre part, sur la lutte contre la cybercriminalité.» L’homme sait donc de quoi il parle.

Selon l’informaticien, il ne fait aucun doute que le Haut-Ogooué dont les «résultats frauduleux» ont été annoncés en dernier, «devait servir de variable d’ajustement électoral pour d’abord rattraper le retard d’environ 60 035 voix et enfin, faire gagner Ali Bongo Ondimba en affichant une participation surnaturelle de 99,93% des électeurs de la province altogovéenne qui auraient voté à plus de 95% pour le candidat sortant».

Il est également revenu sur les accusations de cybercriminalité contre le camp Jean Ping. Développeur de l’application Fast Collect, le ressortissant ivoirien Yeo Namogo Sihifowa, actuellement en détention, est taxé de cybercriminel à la solde de Jean Ping. «Yeo Namogo Sihifowa est-il un hacker qui aurait piraté et falsifié les chiffres ? Point du tout», a affirmé Privat Ngomo. Car si cela avait été le cas, a-t-il expliqué, «les chiffres ne seraient pas corrélés à ceux proclamés par les différents gouverneurs comme vu tantôt».

Mieux, s’il y avait eu falsification, a-t-il indiqué : «Jean Ping aurait gagné dans toutes les provinces avec des scores et des participations identiques à ceux affichés dans le Haut-Ogooué et lus officiellement par le ministre de l’Intérieur. Or, les résultats produits par le logiciel Fast Collect donnaient Jean Ping perdant dans trois provinces et les gouverneurs ont confirmé officiellement cette tendance. Il n’y a eu aucune falsification des résultats».

Pour Privat Ngomo, il ne fait aucun doute que Yeo Namogo Sihifowa, mais aussi Igor Ntumba et Jamel Nkebassani, sont injustement accusés d’être des cybercriminels ayant trafiqué les résultats du scrutin du 27 août 2016. «Ceci est un grossier mensonge d’Etat et nous mettons au défi les accusateurs de présenter publiquement le fichier-journal qui a sauvegardé les attaques des prétendus hackers», a-t-il affirmé, défiant le gouvernement alors que celui-ci dit avoir les preuves de ces cyber-attaques.

Président de la commission scrutin du staff Jean Ping, Privat Ngomo a dit répondre de ces informaticiens qui évoluaient dans le pôle informatique, sous son autorité. «Je suis donc comptable du travail informatique réalisé sous mes instructions et me tiens à la disposition des autorités gabonaises pour apporter les éléments techniques qui disculpent totalement Yeo Namogo Sihifowa, Ntumba Igor et Jamel Nkebassani», a-t-il conclu.
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