Alors que leur structure a été présentée comme l’un des symboles de la reprise effective des activités à travers le pays, les employés de la compagnie pétrolière craignent pour leur vie et celles de leurs proches.
Craignant pour leur sécurité, les employés de Total Gabon ont proposé à leur hiérarchie, le 7 septembre à Port-Gentil, «un arrêt concerté du travail dans un cadre légal, à compter de ce 9 septembre». Une démarche fondée sur la dernière Assemblée générale (AG) des employés de la société, tenue justement le 7 septembre dernier à Port-Gentil, au cours de laquelle ils ont dit craindre pour leur vie.
Si la direction générale assure que la sécurité est garantie, les salariés ont estimé que l’insécurité qu’ils dénoncent ne peut se résumer à «la seule sécurisation du parcours professionnel (déplacement entre la maison et le lieu du travail) et par l’absence apparente de troubles dans la ville». Ils craignent notamment d’éventuelles représailles qui pourraient découler des relations supposées ou réelles «de complicité» entre Total Gabon et les milieux du pouvoir. L’image de «privilégiés» et d’«indifférents» dont sont affabulés, à tort ou à raison, les employés de Total Gabon est également source de crainte.
«Nous cohabitons dans les quartiers avec le reste des populations qui observent, chaque matin, nos déplacement professionnels», ont indiqué les employés, relevant que des coups de feu ont été entendus dans la nuit du 7 au 8 septembre dernier. «Des effractions ont également été enregistrés dans les domiciles de certains de nos collègues, en poste sur site», ont-ils révélés. Pour eux, «l’ensemble de ces éléments peut donner lieu à des interprétations diverses, pouvant faire de nous, mais aussi de la société Total Gabon elle-même, des cibles potentielles pour les populations à court, moyen et long terme».
Par ailleurs, les salariés de Total Gabon sont convaincus que la situation est loin d’être revenue à la normale dans la cité pétrolière, contrairement aux affirmations des autorités locales. Ils en veulent pour preuve «le climat politique toujours tendu, la présence massive des forces de l’ordre et de défense dans les rues, les rumeurs de ville morte, les nombreux check-points ou encore les familles en détresse à la recherche de leurs parents». Ambiance, ambiance à Port-Gentil. Aux dernières nouvelles, les employés de Shell Gabon feraient les mêmes remarques et envisagent d’en dire un mot à la hiérarchie.