Le ministre gabonais des Affaires étrangères a annoncé jeudi un report "sine die" de la mission de l'Union africaine (UA) dans la crise post-électorale au Gabon où le président sortant Ali Bongo et son rival Jean Ping revendiquent chacun la victoire.
"Cette mission a été reportée sine die pour des raisons de calendrier", a déclaré le ministre Emmanuel Isozet Ngondet lors d'une conférence de presse à Libreville.
L'UA avait annoncé lundi qu'elle était prête à envoyer une délégation de chefs d'Etat au Gabon où l'annonce de la réélection d'Ali Bongo a provoqué des violences et des arrestations par centaines.
"Il n'y a pas péril en la demeure, ni de situation sécuritaire ou humanitaire explosive qui justifierait une intervention plus ou moins musclée de la communauté internationale", a estimé le ministre gabonais des Affaires étrangères.
La "mission de bons offices" de l'UA était attendue vendredi au Gabon pour des appels au calme et pour demander aux acteurs de la crise gabonaise "de respecter les voies légales, règlementaires et constitutionnelles" pour sortir de la crise, a rappelé le ministre.
Son annonce intervient alors que les candidats peuvent déposer un recours devant la Cour constitutionnelle jusqu'en fin d'après-midi.
Le camp de Jean Ping devrait annoncer sa décision à la presse à 16h00 GMT (17h00 locales). L'opposant, dont les partisans ne font pas confiance à la cour, demande un nouveau décompte bureau de vote par bureau de vote dans la province du Haut-Ogooué.
Ali Bongo va également déposer un recours car "il y a des anomalies très fortes" dans les résultats en faveur de Jean Ping, a indiqué le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nze, lors de cette même conférence de presse.
Le ministre des Affaires étrangères est par ailleurs revenu sur les accusations de l'observatrice en chef de l'Union européenne (UE). Mariya Gabriel a dénoncé "une évidente anomalie dans les résultats finaux du Haut-Ogooué", la province qui a officiellement enregistré un taux de participation de 99,93% et a permis au président sortant Ali Bongo d'être réélu d'une courte tête.
"Nous avons relevé beaucoup d'incongruité dans le comportement des observateurs. On a l'impression que la mission a voulu passer d'une mission d'observation à une mission de contrôle", a réagi jeudi le ministre.