Les faits de ces derniers jours expriment la nature du pouvoir au Gabon.
Le pouvoir du sang au sens où il évoque l’image du sang familial, mais aussi un pouvoir du sang au sens où ce pouvoir qui produit des lois, qui se légitime par l’invocation systématique de la loi, met cette dernière sous le contrôle de la famille, car la Cour constitutionnelle est présidée par une ancienne compagne d’Omar Bongo. Ce qui du coup donne à la loi l’image caricaturale d’une force qui matérialise à la fois le sang familial, la « force physique » – ce qu’on appelle les forces de l’ordre –, et la puissance de l’argent (son irrésistible puissance de séduction, de fascination, d’émerveillement, bref, d’éblouissement).
La connexion du sang, de la loi et de l’argent s’impose ainsi comme le fondement d’une machine dont deux caractéristiques majeures sont de ne pas avoir d’état d’âme et de manquer de limite entre son intérieur et son extérieur. Une machine dont Ali Bongo, Jean Ping, et hier André Mba Obame et d’autres grandes figures de l’opposition, sont des rouages. La France, ancienne puissance coloniale qui détient de grands intérêts économiques dans ce pays, où vivent plus de 10 000 Français, et qui y entretient un important dispositif militaire, est elle aussi un rouage de cette machine.... suite de l'article sur Jeune Afrique