La gestion du processus électoral au Gabon "a manqué de transparence", a déclaré la chef de la mission des 73 observateurs de l’Union européenne (UE) lundi à Libreville, à la veille de la proclamation des résultats officiels de la présidentielle à un tour.
De son côté, le ministère de l’Intérieur gabonais a surtout retenu les points "positifs" observés par la mission européenne.
"Je félicite les électeurs gabonais qui ont exprimé leur volonté démocratique dans un processus dont la gestion a manqué de transparence", a déclaré l’euro-députée bulgare Mariya Gabriel dans une déclaration lue devant la presse.
"Les insuffisances les plus importantes observées sont: l’absence de listes électorales affichées devant les bureaux de vote, des défaillances au niveau du contrôle de l’encre indélébile (sur le doigt des électeurs pour prouver qu’ils ont voté, ndlr), l’authentification des bulletins de vote et l’usage de scellés des urnes dépourvus de numéros d’identification", a-t-elle poursuivi.
"La mission déplore le manque de transparence des organes de gestion des élections omettant de mettre à la disposition des parties prenantes des informations essentielles telles que la liste électorale et la liste des centres de vote", ajoute Mme Gabriel.
"La mission a pu constater que moins de 50% des électeurs enregistrés avaient retiré leur carte d’électeur une semaine avant le scrutin", lit-on aussi dans sa déclaration préliminaire.
Par ailleurs, "pendant la campagne officielle, l’accès aux médias a été fortement déséquilibré en faveur du président sortant", Ali Bongo Ondimba, candidat à sa propre réélection, selon la chef de la mission.
"Avant le début officiel de la campagne, la mission a observé une confusion entre les activités de campagne et les fonctions officielles du candidat de la majorité qui a profité d’une très large couverture médiatique".
"J’encourage les autorités gabonaises à continuer la consolidation des résultats dans la transparence", avec "la publication des résultats par bureau de vote pour assurer la confiance dans l’intégrité des résultats (...)".
Les résultats officiels du scrutin doivent être annoncés mardi soir, alors que l’opposant Jean Ping s’est déjà auto-proclamé "élu" face au président Bongo, dont le camp assure de son côté qu’il a remporté le scrutin.
"La mission n’a pas à se prononcer sur telle ou telle déclaration", a déclaré Mme Gabriel interrogée sur la déclaration de M. Ping.
"Le ministère de l’Intérieur prend acte du rapport globalement positif des observateurs de l’Union européenne", "malgré quelques irrégularités", selon un communiqué publié lundi.
Le ministère cite les "satisfecits" du rapport des observateurs européens: "Dans près de 95% des 260 bureaux observés les conditions de vote ont été jugées satisfaisantes".
"Les deux principaux candidats (Ali Bongo et Jean Ping) ont chacun déployé des scrutateurs au sein des bureaux de vote, respectivement 80% et 75%, garantissant ainsi la transparence du processus".
"Le scrutin s’est déroulé dans la paix et le calme, sans incident majeur, et le secret du vote a été garanti", assure le ministère.