Bien que le dépouillement soit toujours en cours, Jean Ping revendique déjà une «large victoire», tandis que les partisans du président sortant, Ali Bongo, se disent certains que leur candidat «revendiquera la victoire».
Les résultats ne seront pas définitifs avant mardi, mais les camps d’Ali Bongo et de Jean Ping se disputent déjà la victoire de la présidentielle au Gabon, tout en s’accusant mutuellement de fraudes. «J’appelle solennellement le président sortant Ali Bongo à se plier au verdict des urnes et à reconnaître sa défaite», a écrit le candidat Jean Ping lundi sur son compte Twitter.
Lors d’un rassemblement organisé dimanche à son siège de campagne de Libreville, Jean Ping a distribué à ses partisans des chiffres témoignant selon lui de sa large victoire. «Les tendances générales nous donnent vainqueur de cette importante élection présidentielle», a-t-il déclaré à ses partisans et à des journalistes. «Ce jour est historique pour notre pays et en dépit des nombreuses irrégularités enregistrées ici et là, vous avez su déjouer les pièges de la fraude congénitale de ce pays.
«Ali réélu». «C’est Ping!»
Réagissant aux déclarations de son adversaire, Ali Bongo lui a conseillé de se garder de toute proclamation avant l’officialisation des résultats. «Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué», a déclaré celui qui a succédé à son père Omar, mort en 2009 après avoir dirigé le pays pendant 42 ans. «Quoi qu’il en soit, je suis confiant», a-t-il ajouté. Quelques minutes auparavant, son porte-parole Alain Claude Bilie By Nzé déclarait à la presse qu’Ali Bongo était en tête dans cinq des neuf provinces que compte le Gabon. Intervenant sur une chaîne publique, il a également dit: «même si aucun chiffre officiel ne peut être dévoilé à ce stade, nous sommes, à la lumière des informations que nous recevons, en mesure de dire que notre candidat revendiquera la victoire». Selon Alain Claude Bilie By Nzé, des «fraudes massives» ont été observées au cours du scrutin, notamment dans des bastions de l’opposition.
Les résultats officiels ne sont pas attendus avant mardi, et le ministre de l’Intérieur, Pacôme Moubelet, a réaffirmé dimanche sur sa page Facebook qu’il était «illégal de proclamer des résultats chiffrés en amont de l’annonce des autorités compétentes». Ce lundi, la presse gabonaise était aussi divisée que la classe politique. Chaque titre, selon ses affinités, proclamant la victoire de son champion à la présidentielle, soit le président sortant Ali Bongo Ondimba, soit l’opposant et ex-cacique du régime Bongo, Jean Ping. Dubitative devant cet étalage de divisions, une jeune femme s’interrogeait à haute voix devant un kiosque du centre-ville de Libreville: «deux présidents pour un fauteuil, c’est quoi ça?».
«Les gouvernants détestent l’Etat de droit et adorent le pouvoir»
«Ali réélu», titre en une le journal Douk-Douk en dénonçant «les provocations et les violences exercées sur des partisans du candidat Ali». «C’est Ping!» lui réplique en une son confrère L’Aube pour qui «une page se tourne» dans l’histoire du Gabon, dirigé par la famille Bongo depuis près d’un demi-siècle. «La bagarre a été âpre mais on ne s’est pas entretué», ajoute l’éditorial assurant: «chacun sait qui a gagné». La Loupe juge de son côté que «la sous-région (d’Afrique centrale) n’aime pas la démocratie, les gouvernants détestent l’Etat de droit et adorent le pouvoir comme on ne peut l’imaginer», estimant que Jean Ping est désormais «face à ses responsabilités». La une barrée d’un point d’interrogation avec la photo des deux candidats, Le Matin Equatorial constate: «un fauteuil, deux prétendants».... suite de l'article sur Autre presse