Renforcement du contrôle national, « gabonisation » des cadres du secteur, initiation d’un nouveau code pétrolier, renforcement des capacités et des opportunités de la main d’œuvre ont été autant de décisions ayant permis de réorienter le secteur vers une plus grande valeur ajoutée dans l’économie du pays.
Après s’être longtemps reposé sur la production pétrolière qui représentait au moins la moitié de son économie, le Gabon a fini par comprendre la nécessité non seulement de diversifier son économie, mais aussi de redéfinir les objectifs de la filière pétrolière. Dès 2010, d’importantes décisions vont être prises dans ce sens. Grâce à un contrôle beaucoup plus accru, le Gabon a désormais une meilleure maîtrise du secteur qui lui permet de capter une part croissante de ses revenus. Trois principales actions y ont contribué.
La première est l’audit du secteur pétrolier qui s’est déroulé de 2011 à 2012. Réalisé par un cabinet international de référence, il portait sur les opérations d’exploration, de production, d’exportation et de commercialisation de tous les opérateurs du secteur des hydrocarbures dans le pays. Sur cette base, les contrôles dans le secteur ont été renforcés et la part nationale des revenus pétroliers est mieux maîtrisée. Le contrôle national du secteur pétrolier s’est notamment fait à travers l’acquisition d’équipements permettant un contrôle strict des données d’exportation du pétrole brut.
Participations de l’Etat
Deuxièmement et toujours en 2011, l’Etat a décidé de se doter d’une société nationale des hydrocarbures baptisée Gabon oil company. Cet opérateur étatique gère toutes les participations du pays dans le secteur pétrolier et développe des projets en phases d’exploration ou d’exploitation. La Gabon oil company, à ce jour, commercialise des barils directement sur les marchés internationaux pour le compte de l’Etat gabonais. Des contrats avec des acteurs majeurs tels que Perenco oil, Shell, ou encore Addax ont été signés par l’Etat. Et ce dernier a vu sa part augmenter dans les gisements.
Enfin, il y a eu l’avènement du nouveau code pétrolier. Il a formalisé la volonté de l’Etat gabonais de tirer le meilleur parti de l’exploitation de ses hydrocarbures. Adopté le 27 juin 2014, la loi portant réglementation des activités pétrolières et gazières a permis de combler certains vides juridiques, notamment dans l’activité de recherche et d’exploitation des hydrocarbures, pour une meilleure régulation et une gestion optimale des revenus pétroliers nationaux. Désormais, par exemple, les opérateurs du secteur doivent assurer au moins 25% de leurs risques avec des compagnies locales, afin de soutenir le secteur national des assurances. Ils sont également obligés de mettre en place des fonds pour les opérations de démantèlement et de réhabilitation des plateformes pétrolière en fin d’activité.
Retombées socio-économiques
A côté de toutes ces réformes, des initiatives ont été prises pour augmenter les retombées sociales et économiques du pétrole dans le pays. L’Institut du pétrole et du gaz, créé à Port-Gentil dans l’Ogooué-Maritime et fonctionnel depuis 2011, renforce les compétences locales dans le secteur des hydrocarbures. Objet du partenariat public-privé entre l’Etat et les entreprises pétrolières présentes au Gabon, l’institut doit former chaque année des techniciens et des ingénieurs à tous les niveaux de cette industrie, de l’exploration à la commercialisation. A côté de cela, le gouvernement travaille étroitement avec les acteurs du secteur pour développer le contenu local dans les activités de sous-traitance des majors pétroliers et favoriser l’émergence des Pme gabonaises.
En définitive, avec la relance de l’exploration, l’augmentation de la part nationale dans les revenus pétroliers et les prémices de l’émergence d’un cluster hydrocarbures et pétrochimie, l’Etat gabonais s’est créé un chemin pour écrire une nouvelle page de l’industrie pétrolière du Gabon.
