C’est lors de son passage à Gabon Télévision, la chaîne publique, dans le cadre du passage des candidats devant un panel de journalistes choisis pour la circonstance , qu’Ali Bongo Ondimba qui brigue un nouveau mandat à la présidentielle du 27 août prochain a été surpris de voir une journaliste lui quémander la liberté de la presse. Et cela au nom de l’ensemble des journalistes des médias publics. De quoi donner raison à tous ceux qui dénoncent des médias à la solde du pouvoir.
Fait presqu’inédit. Des journalistes qui demandent leur liberté de la presse à un Président de la République en direct. Incroyable mais vrai.
En effet, comme il est de tradition, à chaque élection le Conseil National de la Communication (CNC), initie, à travers une commission spéciale une série de débats, qui donnent la possibilité à tous les candidats retenus de passer devant des journalistes expressément choisis pour la circonstance, afin d’expliquer leurs projets de société aux citoyens. Après donc le refus mardi de Jean Ping de passer sur le grill, le tour est revenu hier mercredi à son ex beau-frère, Ali Bongo Ondimba.
Sauf que pour le Chef de l’Etat qui brigue un nouveau mandat à la magistrature suprême, l’exercice a été quelque peu déstabilisé par la consœur, Olga Conforte Okenkali, journaliste à Gabon Télévision, la première chaîne de télévision publique, qui lui demandait avec insistance, si une fois réélu, il laisserait les journalistes des médias publics exercer leur profession comme il se doit. « Monsieur le Président vous garantissez qu’une fois réélu, vous accepteriez que les journalistes n’ouvrent plus le journal par les activités présidentielles ? Est-ce que nous pourrions maintenant faire notre travail sans aucune interférence, Monsieur le Président ? ». A ainsi martelé la journaliste, et cela avec l’appui de ses confrères sur le plateau.
Voilà ce qui relance la problématique de l’accaparement des médias d’Etat par le seul pouvoir en place, lesquels médias sont souvent incriminés comme étant de simples caisses de résonance de la majorité gouvernementale. Intervenu en direct sur un plateau de télévision publique, c’est donc un message plein de symbole et de sous-entendus que la journaliste, et par delà tous les journalistes des médias publics viennent de lancer. Un pavé dans la mare.