Le financement de cette structure publique, présentée à tort ou à raison comme l’une des principales réussites du septennat d’Ali Bongo, reste cependant controversé.
Sans cesse citée par le candidat du Parti démocratique gabonais (PDG) et ses soutiens depuis le début de la campagne électorale, la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (Cnamgs) est présentée comme un des exemples de succès du mandat d’Ali Bongo. Pourtant, certains ne manquent pas d’exprimer quelques doutes et inquiétudes au sujet de la pérennité de cette structure. Alors qu’il était ministre de la Santé et de la prévoyance sociale, Jean Pierre Oyiba avait exprimé la crainte de voir disparaître la CNAMGS au bout de quelques années. La raison de cette inquiétude, un système de financement jugé peu fiable.
Créée en août 2007 pour être un régime obligatoire d’assurance maladie et de garantie sociale en République gabonaise, la CNAMGS prend en charge les frais liés aux prestations de santé et de maternité de près de 600 000 personnes à en croire le gouvernement. Or, la couverture maladie, qui nécessite le plus d’investissement pour l’Etat, est notamment prise en charge par trois fonds indépendants les uns des autres, tous gérés par l’établissement public. Si le premier fonds, d’un montant annuel moyen de 40 milliards de francs CFA, regroupe les cotisations des salariés du secteur privé paraît plus stable et équilibré, le financement des deux autres de financement est loin d’être aussi fiable.
Le deuxième est dédié aux agents de la fonction publique. Et en dépit des louanges faites sur le renforcement de la CNAMGS par Ali Bongo ces sept dernières années, il reste que ce deuxième fonds n’a pas cessé de rencontrer des difficultés de gestion. Une situation qui entraine des retards de remboursement des médicaments et le refus des structures sanitaires d’offrir leurs prestations aux assurés. Du côté du gouvernement, l’on accuse un versement irrégulier des cotisations des agents publics par le Trésor à la CNAMGS.
Quant au dernier fonds, dédié aux Gabonais dits économiquement faibles (GEF), sa fiabilité et sa pérennité ne sont pas totalement assurées. La notion de GEF désigne des personnes dont les revenus déclarés sont inférieurs à 150 000 francs par mois. Or, en 2015, le gouvernement en a dénombré 510 279. Ces assurés qui ne cotisent pas comptent parmi ceux dont les dépenses seraient les plus élevées selon l’équipe de campagne du candidat du PDG. Résultat des courses : une dépense moyenne de 18 milliards de francs par an pour cette seule catégorie.
Si ces deux derniers fonds apparaissent pour certains comme un risque pour l’Etat, qui n’a pas encore trouvé le moyen de viabiliser le financement de l’établissement, on a récemment appris que le président sortant, s’il est réélu, entend créer un «Fonds 4». Celui-ci serait dédié aux travailleurs indépendants, dont une proportion significative évolue dans le secteur informel.