Depuis le 23 juillet, date de la démission-spectacle de l’Honorable Bertrand Zibi Abéghé du PDG et de l’Assemblée nationale, il ne se passe plus de semaine sans qu’un éminent membre du parti ne s’en aille.
Jean-Norbert Diramba (ancien ministre, ancien sénateur, directeur général de la société publique SPIN jusqu’en juillet dernier avant de démissionner de ce poste), Dominique Guy Noël Nguieno (ancien ministre, ancien conseiller spécial du chef de l’Etat), Martin Zoguélé Mensah (ancien ministre, ancien député), Gabriel Pambo (ancien membre du secrétariat exécutif du PDG), Bill Mamboungou (universitaire, ancien ambassadeur), Martin Moulengui Mabende (député de la Ngounié), Charles René M’ba… on n’en finit plus de voir partir des cadres éminents du Parti démocratique gabonais (PDG). On ne compte plus non plus les responsables de sections et de comités et les militants de base qui partent. Le parti du président Ali Bongo est en ébullition. Il est rare de voir un parti au pouvoir connaître une telle saignée. Est-ce simplement, comme le dirait le président du parti, du fait que ces dissidents n’ont plus de «privilèges» ? Les raisons de ces départs ne sont-elles pas plus profondes ?
Toujours un «non-événement» ?
À l’observation, les raisons généralement avancées comprennent la dénonciation d’une certaine gouvernance, la condamnation des méthodes de gestion, voire le rejet de la politique globalement menée aujourd’hui. Charles René M’ba n’a pas dit grand-chose dans sa lettre de démission datée du 19 août, et dont il a reçu l’accusé de réception lundi dernier, mais ses proches avancent que «les promesses faites au peuple en 2009 qui n’ont pas toujours été tenues, et qu’il est dur de voir, surtout en zone rurale, la dégradation continue des conditions de vie des populations».
L’on en vient à se souvenir des motifs avancés par les «frondeurs» conduits par l’Honorable Alexandre Barro Chambrier lors de leur sortie publique du 27 juin 2015. Le parti d’Ali Bongo est littéralement en désagrégation, alors que les hiérarques de cette formation politique affirment que tous ces départs sont un non-événement. Un mot qui signifie bien que le PDG refuse obstinément de se remettre en cause et de changer son logiciel.
Déclin irréversible ?
Charles René M’Ba, 62 ans, expert-comptable rentré au Gabon début-2006 après avoir vécu pendant près de vingt-cinq ans en France, vit depuis quelques années entre Oyem, sa ville natale, et Enghien-les-Bains, riche commune de la banlieue parisienne. Ce franc-maçon, notoirement connu pour sa connaissance des milieux politiques hexagonaux, a longtemps travaillé à la Tour d’Elf (Total) à La Défense, près de Paris, après avoir été Auditeur chez Price WaterHouse à Paris (1991-1993), a donc décidé de «rendre son tablier». Il aura également été directeur général des Marchés Publics à Libreville (2005-2006), ministre délégué aux Finances (2006-2009) et sénateur (2008-2015).
«S’il refuse de «se reconstruire», le PDG pourrait avoir du mal à retenir ses meilleurs militants pour devenir une formation sans matière grise. Car, les nombreuses démissions actuelles révèlent un déclin qui paraît irréversible, comme l’a écrit un confrère français», affirme le Rédacteur en chef du bimensuel La Nouvelle République.