Plus on s’achemine sur la dernière ligne droit, plus les partisans du président sortant multiplient des stratégies pour appâter et capter le potentiel électoral. Petit focus sur les moyens utilisés pour mobiliser et encourager les populations à aller voter Ali Bongo Ondimba, le 27 août 2016.
Le 27 août prochain, les Gabonais devront décider s’ils gardent Ali Bongo Ondimba comme président de la République ou s’il le remplacent par l’un des 9 candidats encore en course. La campagne électorale bat son plein et dans le camp de la majorité qui concentre, selon plusieurs sources, des moyens colossaux, tout est mis en œuvre pour amener les potentiels électeurs à changer leur choix le cas échéant, même à la dernière minute. Un travail de fond est donc fait visant à rallier les dubitatifs, les indécis, les résignés pour les pousser à participer au scrutin du 27 août et surtout à apporter leurs suffrages à Ali Bongo Ondimba.
Si les militants, supporteurs, sympathisants et alliés du Parti démocratique gabonais (PDG) sont régulièrement transportés pour les meetings et causeries politiques, d’autres tactiques se sont ajoutées afin de les mettre le plus à leur aise. Au lancement de la campagne à Libreville, des sandwiches, des bouteilles d’eau avaient été distribués aux milliers de supporteurs, ainsi que divers gadgets, tee-shirts et casquettes. En outre, on constate régulièrement sur le terrain que l’argent coule à flot et les militants ne boudent pas leur plaisir de rentrer d’un meeting avec un 5000 voire 10.000 francs CFA, selon.
Surprise en train de partager le gain de la journée à l’issue d’un meeting du président sortant à Makokou, une militante, membre d’une association ayant participé pleinement à la manifestation a déclaré : «on préfère celui qui donne à celui qui ne donne pas». Face donc à l’argent distillé, il arrive que le choix devienne difficile. «J’ai de la chance parce que les membres du parti nous ont donné les pagnes et toutes les autres choses que vous voyez là, en plus de l’argent. Ma conscience me demande de voter pour celui qui m’a aidé», a déclaré une sympathisante d’Ali Bongo Ondimba à Makokou.
Autre élément utilisé, les artistes en vogue dans le pays, amenés vers les populations pour des concerts gratuits sur des scènes montées à l’européenne. «Ça contribue à faire plaisir à la population, mais aussi à lui garantir qu’il y a un candidat ou une personne qui peut leur offrir cela gratuitement. Et l’objectif est de faire douter la population sur les autres candidats qui n’arriveraient pas à réunir les meilleurs artistes du moment sur une même scène», note un membre du staff de la campagne d’Ali Bongo Ondimba.
A Koulamoutou, les scénarii ont été presque les mêmes. A la seule différence que dans le chef-lieu de la province de l’Ogooué-Lolo, des jeux concours ont été organisés avec des lots de grande valeur à gagner. Frigidaires, machines à laver, iPad, etc. Les cadres politiques de cette localité soutenant Ali Bongo Ondimba ont mis des moyens pour imposer leur choix aux populations. Grâce à ces jeux-concours, la place du meeting a été bondée de monde et chacun rêvait ainsi de devenir propriétaire d’un réfrigéteur ou d’un iPad, entre autres, en contrepartie d’une réponse à une question aussi simple que banale. L’objectif était simplement de faire adhérer la population au choix du candidat ayant permis l’organisation de ces jeux.
Ici et là, on append même que des promesses de toutes sortes sont faites aux électeurs allant des propositions de travail à de fortes sommes d’argent. «Tout cela est normal», a relevé un militant du PDG. Pour lui, «une campagne électorale doit faire appel à toutes les meilleures stratégies pour convaincre l’électorat». Il est donc normal qu’on assiste à tous ce déploiement d’énergie et de moyens. Un militant, proche de l’élite du parti au pouvoir, estime, comme dit l’adage que «tous les moyens sont bons à condition qu’ils soient efficaces». Autrement dit le camp de la majorité ne laisse rien au hasard pour espérer remporter cette élection qui risque d’être très discutée.
Ancien étudiant de l’Université Omar-Bongo, actuellement enseignant à Lastourville, M. Nkoghé, a relevé qu’ «en Afrique et chez nous au Gabon particulièrement, le projet de société ne dit rien à personne». Il estime que les gens ne cherchent pas à comprendre ce que les candidats leur proposent. «Ils veulent le présent et ce présent se résume à ces miettes, ces cuisses de poulets, ces boîtes de sardines, ces bouteilles de vin, ces tee-shirts et ces argents avec lesquels on les flatte avec», a-t-il dit ajoutant que c’est aussi cela la politique en Afrique.