Réitérant son souhait de voir s’arrêter la coopération militaire et sécuritaire entre la France et le Gabon, l’association de lutte contre le néocolonialisme a également exigé une prise de position publique de l’ancienne métropole sur la répression en cours au Gabon.
L’opacité autour de la coopération militaire et sécuritaire entre le Gabon et la France a, une nouvelle, fait réagir l’association Survie. Dans une lettre adressée au ministre français des Affaires étrangères, le 18 août dernier, l’association de lutte contre le néocolonialisme demande purement et simplement la suspension de cette coopération. «La direction de la coopération de sécurité et de défense étant rattachée au ministère des Affaires étrangères, nous vous demandons également de suspendre immédiatement la coopération militaire et sécuritaire, et de rendre publics l’ensemble des postes ainsi que leurs fonctions, des différents coopérants français au Gabon», a déclaré Survie. «La suspension de cette coopération est d’autant plus urgente que l’élection présidentielle gabonaise est prévue le 27 août et qu’une intensification de la répression est donc à craindre, comme cela avait été le cas en 2009», a poursuivi l’association.
Pour Survie, faire le choix de maintenir cette coopération serait en contradiction totale avec «l’attachement aux principes démocratiques, aux libertés publiques et au respect des droits de l’Homme», chère au pays de Jean-Marc Ayrault. Dans le même sens, l’association a dénoncé la répression sur de nombreux opposants politiques et membres de la société civile gabonaise. Alors même que, interpellé au sujet des élections en cours dans certains pays francophones, dont le Gabon, Jean-Marc Ayrault avait assuré : «C’est au quotidien que notre diplomatie s’emploie à soutenir les acteurs de la société civile et de la classe politique pouvant être entravés dans leurs activités ou menacés». Une déclaration visiblement loin de la réalité selon l’association, qui demande ainsi au ministre français des Affaires étrangères, à travers sa lettre, «de joindre la parole aux actes et de prendre position sur les exactions commises au Gabon à l’encontre de ces acteurs que vous déclarez soutenir».
L’association a notamment évoqué le cas du leader du mouvement des jeunes de l’Union nationale (UN), Firmin Ollo, incarcéré à la prison centrale de Libreville, bien que le juge ait prononcé sa libération le 29 juillet dernier. Tout comme les leaders de la coalition syndicale Dynamique unitaire, arrêtés le 9 juillet dernier. Or, l’un d’entre eux souffre pourtant de graves problèmes de santé et que ses conditions d’emprisonnement ne font qu’aggraver son état. «Depuis le 9 juillet, ce sont plus d’une trentaine de militants associatifs, syndicaux, politiques ou encore artistes et journalistes qui ont été arrêtés de manière arbitraire», a ajouté Survie, qui dit avoir interpellé le chef de l’Etat français sur la situation au Gabon, «et en particulier sur la coopération sécuritaire que la France entretient avec ce pays».
Et Survie de dénoncer le mutisme de la France face aux violations des droits de l’Homme au Gabon où «elle maintient jusqu’à présent l’ensemble de ses coopérants militaires au Gabon, renforçant ainsi la dictature d’Ali Bongo, et se rendant par là même complice des exactions commises par le régime contre sa propre population». Survie insiste pour une prise de position publique de la France «sur la situation qui prévaut actuellement au Gabon, et notamment sur les arrestations et détentions arbitraires». Une prise de position en lieu et place de la récente déclaration conjointe du 12 août 2016, à laquelle s’est associée l’ambassade de France au Gabon, qui «ne peut en aucun cas tenir lieu de condamnation de la répression en cours, puisqu’elle appelle au contraire les acteurs au dialogue et à la négociation», a conclu l’association Survie.