En ces temps électoraux, ces temps où se décide le devenir d’1,8 million d’âmes blotties entre l’Atlantique et le massif du Mayombe, la question essentielle se trouve à la fin de cette prose d’Ika Rosira, la muse pamphlétaire de Gabonreview : qui sont les mieux placés pour faire de la dynastie Bongo Ondimba, une page révolue de l’Histoire du Gabon. La réponse s’y trouve aussi.
C’est comme une course de Quinté, étudier la bonne combinaison et tout miser dessus. Chacun a son poulain, son mustang, son cheval de bataille, et tous s’élancent vers la ligne d’arrivée. Certains disposent de toutes sortes de «tchangues», de fétiches, de gris-gris. Au nom de Dieu et de tous les saints, on leur prête les meilleures intentions, ils s’autopromettent l’Éternité. D’autres se sont entraînés toute leur vie durant pour s’imposer une fois au sommet.
Les crimes rituels, les disparitions, les guets-apens, les arrestations arbitraires, les réseaux d’espionnage, la suspicion… On vit des temps d’incertitudes et pourtant une certitude s’impose à nous : Ils s’y prennent mal. Et quand on s’y prend mal, on échoue. Ils n’ont pas compris le système. Ils l’ont reproduit. Ils marchent sur les mêmes pas. Ils sont de la vieille époque et aller de province en province, de village en village, faire semblant de prendre connaissance de la situation du petit peuple, leur faire quelques promesses bien arrosées et s’en aller convaincus jusqu’à l’os que les urnes seront en leur faveur ; c’est la recette de grand-mère en politique.
On a mangé nos cerveaux ou quoi ? On nous a mis dans la grande marmite mystique ou quoi ? Parce qu’on a l’impression qu’on a bu la tasse et qu’on se noie à l’intérieur de nous-mêmes. C’est pourtant évident : le pays va mal, le pays ne va pas bien, le pays pourrait aller mieux, le pays devrait aller mieux. Mais le pays ne nous appartient pas ; il ne nous appartient plus ; il ne nous a jamais appartenu ; il a été confisqué depuis si longtemps que l’esclavage social et économique dans lequel on nous a conçus, élevés, nourris, instruits et condamnés nous parait normal.
Demander au peuple de s’affranchir de ses chaines, c’est le mettre face à sa réalité. Il a les dirigeants qu’il mérite jusqu’au jour béni où il décide de se confronter à la vérité et de changer de dirigeants.
En définitive, on se grignote entre nous-mêmes, s’empêchant d’avancer, s’interdisant de briller, s’inclinant devant l’inadmissible, l’impensable, l’abjecte réalité qui fait que tout un pays appartient à une seule famille et ses alliés de naissance.
C’est tellement difficile pour certains, de faire comprendre à ces bornés, ce peuple mal né, obnubilé par une suite d’illusions et de faux-semblants, obnubilé par les miettes qui tombent de la table du grand maître, que le système en place depuis un demi-siècle, est responsable de toutes leurs difficultés, de tous leurs échecs et de toutes leurs incertitudes.
Comment leur faire admettre que le seul moyen d’améliorer, en une traite, les conditions de vie du petit peuple et celles des mieux nantis de manière équitable est de faire de cette situation leur Cause ?
D’ailleurs qui y a-t-il de plus noble que de vivre au nom de la justice, au nom de la bonne gestion, de la meilleure exploitation et de la redistribution équitable des richesses ?
La corruption et la mauvaise gouvernance sont responsables de l’échec du Gabon en tant que Nation, en tant qu’avenir économique, en tant que poumon de l’Afrique. Il faut dire qu’en comparaison, vivre à l’étranger et particulièrement en Occident, c’est échapper à une vie privée de toutes les possibilités et surtout, de tout le confort qui réussit à faire de l’Occident, l’Occident. Il y a des pauvres partout même en Occident, dit-on, mais le «level» de la misère qu’atteignent certains Gabonais est tout simplement impensable, incomparable et inadmissible. Faut le voir, pour le croire.
Profilage non exhaustif de la plupart des gens qui décident chaque jour de chacune des orientations du bled ; le système politique gabonais, c’est cet excès de pourriture, d’égocentriques et de narcissiques finis qui laissent dépérir une nation bénie des Dieux ; cet excès de décisionnaires «m’en-foutistes» qui n’en ont rien à faire de leurs propres neurones ; cet excès d’experts incultes qui se la pètent à longueur de journée, dans des conforts full option pendant que le petit peuple subit depuis kala-kala le fameux soleil de la conjoncture qui ne prend pas de pause, qui ne connaît pas l’Alternance ; cet excès de n’importe quoi, d’à peu près et de «c’est ça qui est ça» font du Gabon, le Gabon des services bidons.
Ils négligent l’Essentiel tout en agrémentant leurs existences excessives. Mais la question, ce n’est pas de savoir si c’est tellement mieux ailleurs qu’au Gabon, ce n’est pas dénoncer les malversations de la Cour constitutionnelle, ce n’est pas de spéculer sur un avenir truqué d’avance. La vraie question est de savoir qui sont les mieux placés pour faire de la dynastie Bongo Ondimba, une page révolue de l’Histoire du Gabon.
Et la réponse est claire, nette et précise : le peuple gabonais.