Pour Anaclé Bissiélo, le sociologue, «c’est le déclic psychologique qui manquait», tandis que Guy Rossatanga-Rignault, juriste et secrétaire général adjoint de la présidence de la République reconnaît que «c’est un tournant qui aura des conséquences dans les urnes», même si, à son avis, « les électeurs des deux candidats qui se désistent au profit de Jean Ping ne voteront pas tous pour celui-ci».
Interrogés par Radio France International (RFI) hier matin au sujet de la désignation de Jean Ping comme candidat unique de l’opposition par les deux ténors de l’opposition, Casimir Oyé Mba et Guy Nzouba Ndama, deux universitaires Gabonais, Anaclet Bissiélo et Guy Rossatanga Rignault, ont donné leurs sentiments.
Anaclé Bissiélo, sociologue, ancien député du Parti gabonais du progrès (PGP) et enseignant à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Omar-Bongo (UOB), souligne que ces candidats de l’opposition ont su taire leurs égos, ajoutant : «cela montre enfin la capacité des opposants à dépasser leurs clivages et leurs intérêts particuliers». Pour lui, «cette initiative est le ressort psychologique, le déclic psychologique, qui manquait, et elle (l’initiative) va bénéficier d’une lame de fond préparée de longue date par la société civile, par des syndicats, par des intellectuels, pour barrer la route à Ali Bongo».
Le juriste Guy Rossatanga-Rignault, professeur de droit à la Faculté de Droit et de sciences économiques de l’UOB, et secrétaire général adjoint de la présidence de la République, a mis en exergue, pour sa part, les séculaires divergences de vues au sein de l’opposition. «Les électeurs de Casimir Oyé Mba et de Guy Nzouba Ndama ne voteront pas tous pour Jean Ping». «Une partie de l’opposition reproche à Jean Ping, a-t-il ajouté, d’avoir tenté un coup de force en début d’année pour se faire choisir comme candidat unique ; ce qui avait créé un ressentiment». Le professeur de droit et de sciences politiques reconnaît toutefois que cette initiative «est un tournant qui aura des conséquences dans les urnes».
Jean Ping a en effet reçu, le mardi 16 août, le soutien de Casimir Oyé Mba et celui de Guy Nzouba Ndama, deux des principaux adversaires d’Ali Bongo. Cette «coalition à trois pour un» a, de l’avis de plusieurs observateurs, de très grandes chances face au chef de l’État sortant qui a eu à faire face, entre 2014 et 2016, à de nombreuses démissions au sein de son parti. La saignée des cadres et militants s’est poursuivie jusqu’à la veille du scrutin avec les départs d’Alfred Nguia Banda et de François Banga Eboumi.