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Présidentielle 2016 : La presse privée exclue du débat électoral
Publié le dimanche 14 aout 2016   |  Gaboneco


Le
© Autre presse par DR
Le siège du Conseil National de la Communication (CNC)


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C’est le constat net qui se dégage des travaux de la commission d’accès équitable des candidats aux médias publics, mise en place par le Conseil National de la Communication (CNC), mercredi 10 août dernier. Que ce soit pour l’expression directe ou pour la grande nuit électorale, aucun média privé ne figure parmi les noms retenus par le CNC. Un déni de démocratie qui illustre bien le rôle d’arbitrage partial de l’organe régulateur des médias au Gabon.

Un déni démocratique. Et les conclusions des travaux de la commission d’accès équitable sont, on ne peut plus claires. Pas de journaliste indépendant, pas même un seul de la presse privée.

En effet, comme il est de tradition, la veille de chaque campagne électorale, le Conseil National de la Communication, organe régulateur de la presse audiovisuelle et écrite au Gabon procède à la désignation des journalistes, à travers une commission spéciale d’accès équitable des candidats aux médias publics. La mission de ces confrères le plus souvent triés sur le volet, surtout avec le niveau déplorable que l’on sait pour certains est d’interviewer en direct les différents candidats retenus sur leurs actions une fois élu.

Tradition respectée puisque le 10 août dernier, la fameuse commission dit-on spéciale a rendu publics les noms des journalistes retenus pour animer le débat électoral dans le cadre de l’élection présidentielle du 27 août prochain. Sans surprise, aucun journaliste de la presse privée n’y figure.

Pas même un seul de la radio panafricaine, Africa n°1, pourtant reconnue comme une référence nationale et continentale en termes de traitement équitable de l’information. Tous les noms publiés sont ceux de Radio Gabon et de Gabon Télévision, deux médias de l’audiovisuel public gabonais. Ceux-là même dont la seule réputation chez le public est d’être à la solde du pouvoir en place, la radiotélévision nationale étant de plus en plus fustigée comme caisse de résonnance de la majorité gouvernementale.

Un refus démocratique

C’est une négation pure et simple des fonctionnalités démocratiques, qui exigent la pluralité, la diversité et la confrontation. Surtout venant d’une institution censée promouvoir la démocratie à travers le pluralisme médiatique. Le CNC vient encore une fois de plus, prouver sa partialité et sa vocation à tenir en laisse coûte-que-coûte les médias privés, dont il ne reconnait l’existence que lorsqu’il s’agit de les censurer ou de les faire disparaître définitivement de l’espace médiatique national, comme ce fut le cas en 2009, avec la confiscation arbitraire du matériel de diffusion de TV+, la chaîne de Mba Obame, qui n’émet plus que dans le seul rayon de Libreville.

Voilà ce qui devrait amener les pouvoirs publics à revoir le mode de désignation des dirigeants de cette institution, qui devraient cesser d’être nommés en conseil de ministres et en raison de leurs affinités avec le parti démocratique gabonais au pouvoir, mais choisis par leurs pairs. Car la démarche cavalière du conseil national de la communication, visant à exclure la presse privée, pourtant partie prenante de l’animation et la vitalité du débat démocratique dans notre pays n’a d’autre fin que de décapiter les médias privés en de moments aussi cruciaux de la vie politique de notre pays.

Et en triant uniquement des journalistes des médias publics, dont le seul mérite pour la plupart est de louer l’action du pouvoir, avec des profils qu’on leur sait, Jean-François Ndoungou et son staff du CNC, cherche là à dispenser, une fois de plus Ali Bongo Ondimba des vraies questions de l’heure, surtout au regard de la causticité et de la pertinence des questions qui auraient pu émaner des journalistes privés ou indépendants. C’est l’exemple du scrutin de 2005, où deux confères expressément triés sur le volet acculaient, avec un acharnement démesuré l’actuel Président de l’union nationale, Zacharie Myboto, à l’époque un des candidats malheureux, et ce pendant qu’ils encensaient Omar Bongo. Il s’agit donc d’une situation voulue et entretenue, et qui finalement vide le débat électoral de tout son sens dans notre pays.

Charles Nestor NKANY

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