Après l’échec cuisant des recours introduits en vain par l’opposition auprès de la CENAP et la Cour constitutionnelle, en vue d’obtenir l’invalidation de la candidature de l’actuel Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, à la présidentielle d’août prochain, l’opinion apparaît de plus en plus divisée. D’un côté, ceux de la majorité qui jubilent et saluent le travail d’Aboghe- Ella et Mborantsuo, de l’autre, les partisans de l’opposition qui crient haro sur la « roublardise » des organes chargées de la gestion du processus électoral. Une lecture du droit qui fait déjà craindre l’issue du contentieux postélectoral, au terme du 27 août prochain.
Le contentieux postélectoral, voilà ce qui inquiète l’opposition gabonaise, à quelques semaines seulement du scrutin présidentiel du 27 août prochain. En effet, après l’échec de sa démarche visant à invalider la candidature d’Ali Bongo Ondimba pour le scrutin à venir, démarche initiée tour-à-tour auprès de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap) et la Cour constitutionnelle, l’opposition qui dénonce un « coup de force » du président de la République, craint déjà de ne pas être entendue, en cas d’un éventuel contentieux postélectoral.
Cette inquiétude est motivée, selon les leaders et autres militants de l’opposition, par les actes posés par les présidents des institutions en charge de réguler le système électoral dans le pays. Au nombre de ces présidents, René Aboghe Ella, patron de la Cénap, accusé de partialité par l’opposition pour avoir validé la candidature d’Ali BongoOndimba, alorsque celle-ci, manquant de consensus en plénière, nécessitait le vote du bureau de l’institution.
S’en est suivi le blocage fait aux opposants qui voulaient accéder au dossier d’Ali Bongo Ondimba, aux fins de constituer un recours auprès de la Cour constitutionnelle. Résultat :Aboghe- Ella et ses collaborateursont décidé de garder portes closes et de fermer leurs téléphones aux éventuels appels téléphoniques de l’opposition pendant que sur place les attendaient Léon Paul Ngoulakia, Guy Nzouba Ndama et Casimir Oye Mba pour ne citer que ceux-là.
L’épisode de la Cour constitutionnelle
De la Cour constitutionnelle, les opposants qui avaient déposé le recours en invalidation de la candidature contestée d’Ali Bongo Ondimba n’en attendaient pas grand-chose. Vu que celle-ci tout comme d’ailleurs la Cénap à leurs yeux sont toujours accusées d’être à la solde du pouvoir. Argument qui semble chagriner l’opposition qui regrette le fait que ses recours en invalidation de la candidature du chef de l’Etat n’aient jamais obtenu gain de cause. Et cela, en dépit des arguments probants présentés en appui de ses requêtes.
Argument qui semble se justifier puisque dans sa décision rendue le 25 juillet dernier, suite au recours en invalidation de la candidature d’Ali Bongo Ondimba déposé par Guy Nzouba Ndama, Jean Ping et Pierre-Claver Maganga Moussavou, la Cour s’est déclarée incompétente pour statuer sur la question. Non sans indiquer que les requérants n’avaient pas joint à leur requête, la copie de l’acte de naissance qualifié de faux. Chose que les intéressés n’ont pu trouver en raison du blocus au niveau de la Cénap.
Quid du contentieux postélectoral ?
De grosses inquiétudes donc en perspectives du côté des concurrents d’Ali Bongo Ondimba qui voient dans les positions de la Cénap et de la Cour constitutionnelle, un avant-goût, sinon une préfiguration de ce que sera le résultat du contentieux électoral au terme du scrutin du 27 août prochain.
Et même si la loi prévoit la possibilité de contester l’élection de tel ou tel candidat, il reste que pour l’opposition, quelle que soit la véracité d’arguments qu’elle pourra apporter devant cette Cour, en signe de protestation de l’élection d’Ali Bongo Ondimba, risque de ne pas être entendue. Car pour elle, voir Mborantsuo et la Cour annuler l’élection de l’actuel Chef de l’Exécutif, au profit d’un candidat de l’opposition, même avec des arguments de poids à l’appui, cela relève d’un miracle.
Accusation fondée ou pas, dans tous les cas, avec cette élection c’est tout le droit gabonais qui aura été éprouvé.