Se livrant à une analyse de l’évolution de la masse salariale publique, l’économiste blogueur révèle qu’elle a augmenté de 205% entre 2004 et 2017, le secteur public étant le principal employeur du pays avec 61% des salariés.
Analysant, la masse salariale et le nombre d’emplois publics au Gabon, Mays Mouissi a mis en avant les inquiétudes du Fonds monétaire international (FMI) à ce sujet, le nombre d’emplois publics et les charges qui en découlent s’étant fortement accrus sur la décennie 2004-2014. «La progression de la masse salariale du Gabon doit être rapidement maitrisée au risque de devenir difficilement supportable pour les finances», a prévenu le blogueur.
A en croire ses écrits, entre 2004 et 2014, les dépenses publiques au titre des salaires et traitements ont évolué de 205%, passant de 226 milliards francs à 691 milliards francs. «Les différents programmes de départs en retraite anticipée n’ont pas pu infléchir cette hausse des dépenses salariales puisque, dans le même temps, l’Etat gabonais initiait des programmes de recrutement dans l’administration publique au bénéfice notamment des forces de défense et de sécurité», a-t-il expliqué.
Si les effectifs publics sont passés de 54 415 en 2004 à 109 050 en 2014, la création de primes diverses, souvent à la hâte et sans étude préalable, à l’image de la Prime d’incitation à la performance (PIP), ont contribué à alourdir la masse salariale. Selon Mays Mouissi, la PIP a fortement contribué à la hausse de la masse salariale. «Mal conçue, mal comprise, la PIP a fini par concentrer des tensions sociales (qui) ont débouché sur une suppression de cette prime au bénéfice du nouveau système de rémunération (NSR) des agents publics en vigueur aujourd’hui», a-t-il constaté.
Parlant des effectifs, il a affirmé que le nombre d’emplois a progressé 3,5 fois plus vite dans le secteur public que dans le privé, où ils n’ont cru que de 29%, passant de 54 897 agents en 2004 à 70 776 agents en 2014. Or, en 2004, les effectifs publics et privés étaient plus ou moins équivalents (54 415 agents publics contre 54 897 agents privés formels et parapublics). En 2014, 61% des salariés étaient donc des agents de publics. «Cette inversion, en plus de démontrer que le nombre d’emplois publics progresse trop rapidement, permet de constater que le secteur privé gabonais ne crée pas suffisamment d’emplois pour absorber tous les jeunes qui rentrent chaque année sur le marché du travail», a fait remarquer Mays Mouissi.
Pour lui, cette situation explique un autre paradoxe du marché du travail : «Bien que le nombre d’emplois formels (publics et privés compris) ait augmenté de 65%, passant de 109 312 à 179 826 salariés entre 2004 et 2014, le nombre de chômeurs s’est lui aussi accru. Le taux de chômage est ainsi passé de 20% environ à 27% … et approcherait même 35% chez les jeunes», a-t-il révélé, avant de dresser un constat accablant. «56 ans après son accession à l’indépendance, le secteur public gabonais demeure encore le premier employeur du pays, (…), la Fonction publique (étant) utilisée comme variable d’ajustement du chômage», a conclu Mays Mouissi.