L’organisation non gouvernementale britannique de lutte contre la criminalité environnementale et sociale ainsi que l’injustice en lien avec la consommation mondiale publie un manuel censé aider les sociétés civiles et communautés locales à mener des enquêtes approfondies sur ces questions.
Élaboré pour combler les lacunes dans la lutte contre l’exploitation illégale du bois, un manuel pratique vient d’être édité par Earthsight. Intitulée «Enquêter sur le bois illégal : un guide pour les activistes», cette publication est destinée à «aider la société civile à identifier le bois illégal qui entre sur les marchés européen et américain et à fournir les preuves nécessaires aux autorités compétentes». Il s’adresse principalement aux ONG, aux communautés locales ainsi qu’aux activistes individuels. «Il devrait aussi intéresser les journalistes d’investigation», a ajouté Earthsight, soulignant : «Les informations disponibles dans ce guide concernent non seulement tous les pays où des infractions sont commises dans l’abattage ou le défrichement des forêts et le commerce de bois associé, mais aussi tous les pays qui importent du bois de ces pays».
Ce guide se décline en trois chapitres, avec «L’exploitation illégale des forêts, son commerce associé et la réponse des pays consommateurs», «Comment détecter et documenter l’exploitation illégale des forêts et son commerce associé, et suivre la chaîne d’approvisionnement» et «comment utiliser les preuves». Le premier chapitre insiste sur l’apport éventuel des ONG dans la lutte contre le trafic illégal du bois. «Les informations fournies par la société civile peuvent avoir un impact important sur les comportements dans le secteur forestier, même lorsque ces informations ne sont pas adaptées pour déclencher des poursuites individuelles», a soutenu l’ONG, avant d’ajouter : «Si des organisations ou des individus peuvent démontrer qu’il existe un risque d’infraction élevé dans une chaîne d’approvisionnement, cela peut avoir un effet dissuasif sur le marché. Les acheteurs peuvent ne plus vouloir prendre le risque de violer la loi et faire preuve de diligence raisonnable».
En gros, Earthsight soutient que le travail d’enquête contribue à protéger les moyens de subsistance des communautés et la faune. «Mais il peut aussi réduire la corruption et les conflits, accroître les revenus fiscaux et atténuer le changement climatique», a souligné l’ONG, mettant en garde contre les risques y relatifs. «L’exploitation illégale et son commerce associé sont une affaire de gros sous. Les personnes qui y sont impliquées sont impitoyables pour protéger leurs intérêts. Dans de nombreux pays, des personnes enquêtant sur l’exploitation illégale ont été sérieusement blessées ou même tuées», a prévenu l’ONG, insistant : «Le risque pour les enquêteurs et ceux qui leur parlent doit toujours être pris sérieusement et ne doit jamais être sous-estimé».