Le collectif de la société civile demande à l’ancienne puissance coloniale de ne pas soutenir la candidature du président de la République sortant.
Le collectif «Tournons la page» demande à la France de ne pas soutenir la candidature d’Ali Bongo à l’élection présidentielle du 27 août prochain. Le groupement de la société civile souhaite plutôt que l’ancienne puissance coloniale soutienne un processus électoral clair et transparent à tous les niveaux – fichier électoral, commission électorale indépendante, surveillance des bureaux de vote, rédaction des procès-verbaux, compilation des résultats à partir des procès-verbaux. Il lui demande notamment de veiller au maintien des moyens de communication avant, pendant et après l’élection. Il lui suggère de condamner les exactions et arrestations arbitraires des acteurs politiques ou activistes de la société civile et de conditionner la coopération militaire et policière au respect du processus électoral.
La société civile fonde sa démarche sur un certain nombre de constats. «Le Gabon est entré dans une grave crise politique depuis cette élection frauduleuse (celle de 2009, ndlr). Les opposants et la société civile n’ont eu de cesse d’appeler à un dialogue national inclusif, mais ils se sont vus opposer une fin de non-recevoir», a constaté le collectif, avant d’ajouter : «La crise a pris une autre dimension depuis que la sœur d’Ali Bongo a fait savoir aux Gabonais que ce dernier n’avait pas d’acte de naissance».
«Tournons la page» reproche également à Ali Bongo d’avoir créé l’Agence nationale des grands travaux (ANGT) dont il a assuré la présidence du conseil d’administration (PCA) alors que les fonctions de président de la République sont incompatibles avec toute autre fonction publique et activité privée à caractère lucratif. «Cette agence (…) a octroyé, sans appels d’offres, près de 70% des marchés de l’Etat à des entreprises dont sa famille et lui-même sont soit propriétaires, soit actionnaires majoritaires», a accusé le collectif, évoquant un bilan économique calamiteux et une régression des libertés fondamentales. «Toutes les manifestations de l’opposition sont interdites ou violemment réprimées», a affirmé le collectif, avant de trancher, quelque peu défaitiste : «Le président candidat Ali Bongo s’apprête à perpétrer un énième coup de force électoral comme ses voisins des républiques du Congo et du Tchad. Les actes posés par son gouvernement montrent à l’évidence qu’il n’hésitera pas à massacrer la population civile pour se maintenir au pouvoir».