Depuis quelques jours, les Gabonais ont les yeux rivés sur la gardienne de la Constitution, la Cour constitutionnelle, dont on attend qu’elle se prononce sur la décision consistant à valider la candidature du président Ali Bongo Ondimba. D’aucuns parmi les analystes politiques se demandent que peuvent bien faire Marie- Madeleine Mborantsouo et les différents juges de la Cour que l’on dit inféodés au pouvoir avec tout ce que cela a de sous-entendu ?
La question qui taraude aujourd’hui plus que jamais les esprits épris de changement est bien celle de savoir si l’opposition aura enfin gain de cause, elle, qui ne reconnait pas à Ali Bongo Ondimba la nationalité gabonaise.
Rien ne présage qu’il en sera ainsi si l’on tient compte du fait qu’aux dires de plus d’un, la Commission électorale nationale indépendante, Cénap, et la Cour constitutionnelle sont des caisses de résonnance du pouvoir. C’est pourquoi les discussions les plus folles que l’on enregistre par les temps qui courent portent essentiellement sur la réaction attendue des magistrats constitutionnels dont la décision peut être différemment interprétée et est susceptible de mettre le feu aux poudres, ce qui n’est pas souhaitable dans un Etat qui n’a pas l’expérience de la violence et qui redoute que ce qui s’est déjà produit ailleurs ne s’installe sur ses terres de paix.
A entendre l’avocat du gouvernement gabonais, il manque de preuves à l’opposition pour démontrer que le président gabonais n’a pas introduit dans son dossier un acte de naissance conforme, ce pourquoi elle lui dénie la nationalité gabonaise, qui à ce moment pourrait être acquise, mais qui le priverait au regard de l’Article 10 de la loi fondamentale, de briguer le fauteuil présidentiel, soutiennent les opposants au régime.
On pourrait répondre à l’avocat du gouvernement par la question de savoir qu’est- ce que lui inspire le comportement de la Cénap qui est restée sourde aux revendications de l’opposition lorsque celle- ci voulait accéder au dossier d’Ali Bongo Ondimba, pas moins qu’elle ne s’est débinée face à la pression qu’exerçait celle- ci, devenant subitement injoignable et introuvable puisque personne parmi les responsables de l’institution n’avait daigné y venir alors que les opposants les y attendaient pour tenter de régler cette affaire.
Qu’à cela ne tienne, on peut être surpris par le fait que l’opposition qui a si souvent glosé autour de la question dite préjudicielle, n’ait jusqu’ici, alors que c’est cela que tout le monde semble attendre hâtivement, pas réussi à réunir les preuves pouvant confondre la partie adverse.
Il se pose également un autre problème non moins important, celui lié à la transparence du scrutin du 27 août prochain au regard des conditions de préparation. L’opposition continuant de dénoncer les manœuvres dilatoires du pouvoir qui semble de plus en plus faire dans l’intimidation, histoire de gagner, selon elle, du temps et avancer lentement, mais sûrement vers la date fatidique et voir ainsi son vœu être exhaussé. A savoir, voir Ali Bongo Ondimba être reconduit à la tête de l’Etat à l’issue de la prochaine élection.
De plus, les opposants gabonais trouvent à redire au sujet de la tournée républicaine qu’entreprend actuellement le chef de l’Etat à travers le pays, estimant que c’est une campagne avant l’heure et qu’à ce titre, elle vient fausser les débats, ce d’autant plus qu’elle est menée avec tous les attributs du pouvoir et menace les chances de ses adversaires, ce qui aux yeux du camp opposé n’est pas conforme à l’esprit démocratique. Revient alors comme un refrain dans son esprit, la phrase du ministre de l’Intérieur Pacôme Moubelet Boubeya faisant état d’une pérennité d’Ali Bongo Ondimba au pouvoir tant que lui, Pacôme Moubelet Boubeya, conserverait le portefeuille de l’Intérieur, quand on sait le rôle qui est le sien dans la confection des actes régissant l’organisation d’une élection au Gabon !
Bref, de nombreuses préoccupations méritent que l’on s’y penche un peu, car elles peuvent conduire la classe politique à un réajustement de son comportement au moyen d’une concertation peut-être tardive, mais très utile si l’on tient compte du fait que chaque jour qui passe fait des mécontents, crée la peur et le spleen dans certaines têtes et menace le Gabon d’ébullition sociale.