A mesure qu’on approche du terme échu à cette élection présidentielle d’août 2016, les supputations, les pronostics et autres sondages ne cessent d’alimenter les débats. Chaque Etat-major y va de ses prédictions. Ce qui ne va pas sans interrogation sur la fiabilité de toutes ces données. C’est le cas d’un nouveau sondage réalisé par le Centre international d’études politiques (C.I.E.P.) pour l’Afrique et l’Outre-mer.
Selon ce sondage réalisé sur un échantillon de 118.000 gabonais de l’étranger et ceux vivant sur le territoire national, Ali Bongo serait en tête avec 58% des voix , suivi de Jean Ping avec 20, 04% ; Casimir Oye Mba : 11,09% ; Guy Nzouba Ndama : 4,01% ; Raymond Ndong Sima : 3,2% ; et Bruno Ben Moubamba : 1,12%.
Analyse
A y regarder de près, on se rend compte d’emblée que ce sondage est loin de refléter la réalité politique actuelle du Gabon. Bon nombre d’éléments méritent d’être évalués.
Le premier de ces éléments c’est sans doute le score de 58% attribué à Ali Bongo Ondimba. Un chiffre exagéré, car vu le nombre et la qualité des candidats en lice, ajouté à cela le fort besoin du changement exprimé par un nombre croissant de compatriotes, il semble difficile, voire même impossible pour un candidat, quelle que soit sa carrure de rafler à lui seul plus de 58% des suffrages. On risque là de connaitre les mêmes problèmes de légitimité de 2009.
Donner Ali Bongo vainqueur du scrutin avec un pourcentage aussi exorbitant en 2016 ressemble à une sorte de plébiscite. De tels calculs montrent bien le mépris des auteurs de ce sondage pour les autres candidats.
Le deuxième élément c’est la troisième place occupée par Oye Mba avec 11,09% au détriment de Guy Nzouba Ndama : 4,01%. Il s’agit là aussi d’une façon de diminuer Moukombo, l’objectif étant de le punir pour s’être opposé au régime.
Oye Mba, il est vrai en dépit de son activisme pour l’invalidation de la candidature de l’actuel Chef de l’Etat, ne pourra pas larguer Nzouba, qui a quand même été président de l’Assemblée nationale et qui dispose d’une équipe de campagne solide et nombreux soutiens depuis son entrée en campagne.
Globalement, il semble que ce sondage n’a pris en compte aucun élément contextuel de la situation politique actuelle du Gabon.