La marche de protestation organisée par l’opposition, samedi 23 juillet à Libreville, contre la candidature d’Ali Bongo Ondimba n’aura finalement pas fait long feu. Et pour cause, les dispositifs policiers déployés pour la circonstance n’ont pas failli à leur mission, gazer, traquer, et confiner les opposants dans le silence absolu. Résultat : plusieurs blessés et arrestations parmi lesquels certains confrères en plein exercice de leur profession.Une atteinte aux symboles de la démocratie que l’opposition n’entend pas cautionner, selon ses propres dires.
Comme il fallait s’y attendre, la marche organisée par l’opposition en signe de protestation contre la candidature de l’actuel Président de la République à la présidentielle du 27 août prochain n’a pas tenu ses promesses.
Elle n’a eu tout juste que le temps de partir du carrefour Ancienne sobraga, avant d’être dispersée quelques 100 mètres plus loin, à hauteur de l’ancienne RTG par un impressionnant dispositif policier déployé pour la circonstance.
Des candidats comme Guy Nzouba Ndama, Casimir Oye Mba, Bruno Ben Moumbamba et toutes d’autres personnalités de l’opposition qui marchaient main dans la main, en première ligne ont mesuré la brutalité des hommes en treillis, lorsqu’en tentant de les approcher pour négocier avec ces derniers, ils ont été accueillis, gazés et pilonnés à bout portant. S’en est suivi la débandade dans les rangs des marcheurs.
Ce qui a donné lieu aux affrontements tous azimuts entre les hommes en armes et les militants de l’opposition. Résultat des faits : certains opposants ont été barricadés et confinés dans les locaux du siège de l’Alliance démocratique et républicaine (ADERE )à cause de la densité des détonations, et autres tirs de gaz lacrymogènes qui ont pollué tous les environs.
On parle même d’une dizaine d’arrestations chez les manifestants et au moins trois blessés dans les rangs de la police. Un cameraman de l’agence France presse (AFP) a même été tabassé et admis à l’hôpital.
Brutalité policière, un déni démocratique
Il est clair que cette répression aveugle de la police, qui prend pour cible même les journalistes porte là atteinte aux symboles mêmes de la démocratie. Attendu que les journalistes sont les hussards des fonctionnalités démocratiques, et ne doivent en aucun cas être molestés dans le cadre de leur travail au quotidien qui est celui d’informer.
Et même si le Ministre de l’intérieur, Pacôme Moubelet Boubeya dit n’avoir autorisé aucune marche, rien ne justifie cette réponse brutale des policier face à une manifestation pourtant pacifique. Au contraire elle ne fait qu’écorner davantage l’image du pays vu de l’extérieur, en dépit des séminaires de formation pour une élection libre et apaisée.
Cela ne contribue qu’à renforcer la thèse d’une « dictature froide » et maquillée sous les apparences démocratiques, qui cherche à « confiner l’opposition dans l’anonymat », comme le martèle Bruno Ben Moubamba, le candidat de l’Union du Peuple Gabonais (UPG). Et ce, alors même que les manifestations de la rue sont consignées et encadrées dans le préambule de la constitution gabonaise. Ce qui signifie concrètement que l’Etat a obligation, conformément aux droits et libertés fondamentales de laisser manifester une partie du peuple lorsqu’elle n’est pas en phase avec une décision ou une situation engageant le sort du pays.
Plutôt que de chercher à asphyxier ses adversaires, le pouvoir en place gagnerait en ouvrant un peu plus l’espace de liberté pour essayer d’éviter de tomber dans le piège de l’opposition, qui promet de le pousser au maximum à la faute comme le dit Guy Nzouba Ndama, et de se mettre ainsi à dos la communauté qui œuvre pour un scrutin apaisé. Car il est certain que ce confinement ne fait qu’accroître la tension dans le pays, et rend ainsi incertaine l’issue même d’un scrutin qui s’annonce déjà tendu.