Par la voix de leur porte-parole, Arthur Ikabanga, les ressortissants de l’Ogooué-lolo ont, le 20 juillet courant à Libreville, mis en garde le pouvoir quant aux risques de détérioration de la santé de Jean Rémy Yama, leader syndical arrêté le 9 juillet dernier par la police.
L’arrestation de Jean Rémy et de certains autres acteurs de la société civile prend une tournure provincialiste. Mécontents de la manière dont leur fils a été arrêté et écroué à la prison centrale de Libreville, les ressortissants de l’Ogooué-lolo (Logovéens) sont montés au créneau pour dénoncer les atteintes à liberté individuelle et mettre en garde le pouvoir sur les risques de détérioration de la santé du président du Syndicat national des enseignants-chercheurs (Snec). «L’arrestation de Jean Rémy Yama est consécutive à son engagement pour la défense de ses opinions, sa façon juste de soutenir et défendre le plus grand nombre des désœuvrés», a lancé Arthur Ikabanga à travers le journal Moutouki.
Se présentant comme le fils de Jean-Rémy Yama, Alain Lipobo a estimé de son côté que l’arrestation du leader associatif n’est que l’aboutissement des manœuvres orchestrées par le pouvoir. Celles-ci, a-t-il poursuivi, ont débuté avec l’audit diligenté sur la société Serpentin dont Jean Rémy Yama était l’un des gérants. Elles se sont poursuivies avec l’accusation portant authentification frauduleuse d’un diplôme. Tout ceci, a-t-il conclu, dans l’unique dessein de trouver un moyen juridiquement incontestable pour le mettre en prison. Ces différentes dénonciations ont amené les Logovéens à mettre en garde le pourvoir : «notre frère Jean Rémy Yama dont la santé est fragile, ne saurait longtemps être gardé dans des lieux de détention, alors qu’aucun grief n’est retenu contre lui et les autres compatriotes arrêtés dans les mêmes circonstances», a martelé Arthur Ikabanga.
Au-delà de ces mises en garde, nombreux sont les Gabonais qui s’interrogent sur la nature des relations entre les populations de l’Ogooué-Lolo et le pouvoir ; cette province ayant longtemps été considérée comme la jambe gauche du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), la jambe droite étant le Haut-Ogooué, selon une expression lancée par Guy Nzouba Ndama lors des obsèques d’Omar Bongo. D’autres par contre s’interrogent sur l’identité du nouveau garant de la prépondérance du parti au pouvoir dans cette province, le promoteur du concept «jambe gauche – jambe droite» s’étant lui-même porté candidat l’élection présidentielle. «Le temps n’est-il pas venu pour que le président du PDG crée une autre jambe sur laquelle il devrait s’appuyer», ironise Laure-Patricia Manevy, journaliste du bimensuel La Nouvelle République.