Dans un rapport récent, il souligne que la masse salariale de l’Etat gabonais ne cesse de croître, en moyenne de 11 % par an depuis 2010.
Selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) relatif aux consultations de 2015 au titre de l’article IV portant sur « l’analyse de la viabilité de la dette », la masse salariale du Gabon a augmenté de 70 % entre 2010 et 2015. Soit de 11% de moyenne annuelle sur les 5 dernières années. Cette hausse est jugée rapide par plusieurs observateurs, mais elle ne représente pour l’heure « pas un mal en soi ».
En la matière, le FMI a fixé un plafond pour chaque pays. L’idéal étant de parvenir à des ajustements structurels et de participer au développement du pays. Si le Gabon n’a pas encore atteint le seuil critique fixé par le FMI, il pourrait bien se retrouver dans cette situation. Son challenge est donc de respecter cette conditionnalité pour l’octroi des crédits dédiés à ses investissements. Cette augmentation de la masse salariale s’explique à travers différents facteurs.
Facteurs de l’augmentation
La première mécanique concerne les avancements catégoriels. Tous les deux ou trois ans, en fonction des catégories, il y a une augmentation des salaires. Mécaniquement, pour le même effectif, il y a déjà une augmentation de la masse salariale. La deuxième chose, en 2010, il y a eu un certain nombre de changement dans la rémunération des fonctionnaires. En l’occurrence, les indemnités de logement ont augmenté. Celles de de la catégorie A1, par exemple, ont doublé, passant de 75 000 FCFA à 150 000 FCFA. L’incidence directe a été l’augmentation des charges de l’Etat, et donc de la masse salariale puisque cette indemnité fait partie intégrante du salaire des fonctionnaires. De même, il y a eu l’augmentation de l’indemnité de transport.
Ensuite est intervenue la mise en place du nouveau système de rémunération (NSR) en 2015. Celui-ci a généré une augmentation de près de 30% de la masse salariale. A cela s’imbrique une augmentation d’effectifs dans un certain nombre de secteurs comme l’éducation nationale, la santé ainsi que la sécurité, où il y a eu plusieurs recrutements, pour pourvoir à la demande en personnels.
Conséquence sur l’économie
Selon certains économistes, cette situation a deux incidences majeures sur l’économie. La première, plutôt positive, est liée à l’augmentation de la consommation des agents. Puisque les différentes augmentations ont par ailleurs accru le pouvoir d’achat, les agents sont à même de consommer davantage. Il y a donc un renforcement de la consommation qui se veut une bonne chose pour l’économie globalement.
Parallèlement, « cette augmentation prive l’Etat de certaines ressources ». Ce que l’on appelle un effet d’éviction, « une baisse de l’investissement qui est provoqué par une hausse des dépenses publiques ». Autrement dit, une réorientation des ressources destinées aux investissements vers des charges du personnel. L’on a donc deux effets qui s’annulent. Le premier, positif, qui permet de tirer la croissance, et le second, d’éviction, qui minimise les marges sur le poids des investissements.
Identifier des économies supplémentaires
Cette augmentation de la masse salariale implique donc d’identifier des économies supplémentaires. Certains observateurs affirment que « les niveaux actuels des ratios de la masse salariale ne sont pas bons. Mais, il s’agit de trouver davantage de mécanismes pour sa maîtrise afin de parvenir dans le même temps à une augmentation du PIB qui permettra de baisser les ratios de la masse salariale ».
Cette action peut, dans certains cas, conduire à envisager des départs volontaires des agents publics dans les conditions prévues par la loi. Pour ainsi dire, il y a des marges de ressources pour financer les investissements. Le risque est de se retrouver avec une marge trop élevée qui fera en sorte que les investissements soient minimes.