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Gabon : le débat politique vu de l’intérieur du pays
Publié le jeudi 14 juillet 2016   |  Gabon Review


Présidentielle
© Autre presse par DR
Présidentielle 2016: Ali Bongo Ondimba dépose son dossier de candidature
Samedi 10 juillet 2016. Libreville. Le président sortant Ali Bongo Ondimba a procédé au dépôt du dossier de candidature comme prévu, accompagné de plusieurs personnalités parmi les militants, membres de la majorité républicaine et sociale pour l’émergence et des membres de sa famille.


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Les grandes questions habillant le débat politique à Libreville ne sont pas forcément les mêmes dans les villes et villages du Gabon. Petit kaléidoscope de ce que pensent et disent les Gabonaises et les Gabonaises de l’hinterland.

À la faveur de la tournée républicaine qu’effectue le président de la République, Ali Bongo Ondimba, candidat à sa propre réélection à la magistrature suprême, le débat qui anime la vie politique dans les villes de Tchibanga, Mayumba et Mouila et dans les villages des départements de la Nyanga et de la Ngounié, semble très éloignés de celui ayant cours à Libreville. Dans la capitale gabonaise, l’on est depuis plusieurs mois voire des années habitué à écouter ou à lire dans la presse des querelles relatives à la nationalité (Cf. Affaire de l’article 10 de la Constitution) d’Ali Bongo, à sa filiation à Omar Bongo Ondimba ou encore à l’héritage d’Omar Bongo qui peine à être partagé entre ses enfants.

Toutes ces affaires ont donné naissance à des polémiques, à des démêlées judiciaires qui, jusqu’alors, n’arrivent pas à aboutir à de véritables verdicts.

La population des trois villes et des villages suscités n’affectionne pas ces débats qui relèvent pour elle de «la politique politicienne». Un enseignant de la province de l’Ogooué-Ivindo, affecté à Tchibanga, trouve que «les préoccupations de la population de cette ville sont très loin de celles des gens de Libreville». «Nous sommes un même pays. Mais vous savez que la faiblesse des moyens de communication est un grand handicap dans certains coins de ce pays», a-t-il relevé pour expliquer que les réseaux de téléphonie passent par à-coups, la radio et la télévision n’arrosent pas tous les villages et les journaux y arrivent avec des jours voire des semaines de retard. «Tout cela a fait qu’on se désintéresse considérablement de ce qui se passe à Libreville», a-t-il déclaré.

Si cet enseignant explique à sa façon ce désintérêt, un agriculteur du village Guiétsou dans la Ngounié relève qu’il ne s’occupe même pas de politique. «J’ai mieux à faire», a-t-il lancé. «Je dois travailler dur dans mon champ pour nourrir ma famille et continuer à les envoyer à l’école», a-t-il lancé avant d’ajouter qu’il n’y a pas d’entreprises pouvant embaucher pour longtemps dans sa localité. «On manque de tout ici et chacun est obligé de se débrouiller comme il peut. Avec ça, vous pensez qu’on va perdre du temps à suivre les choses inutiles ?», a-t-il interrogé.

«On aimerait avoir de l’eau et la lumière à tout moment. On aimerait avoir de bons médecins. On aimerait voir nos enfants faire autre chose que se monter dessus tout le temps à cause de l’oisiveté. On cultive, mais il manque encore des routes pour transporter les récoltes. Voilà ce qui me préoccupe-moi», a-t-il indiqué presque furieux. Comme lui, une commerçante du marché de Tchibanga se révolte de voire que sa «ville ne bouge qu’à l’arrivée du président ou pendant un mouvement politique». «Regardez notre gare routière, regardez le marché où nous vendons. Pour aller même déjà chercher ces bananes ce n’est pas facile. Voilà ce à quoi nous on pense ici : comment allons-nous faire pour vivre correctement ?»

«Pour moi, aller au meeting équivaut à une récréation, à assister à une partie de jeu. C’est parce qu’il n’y a pas de loisirs ici», lance un jeune de Ndendé, se déclarant chômeur. «On va prendre leur argent et après on verra celui qu’on va voter, si on vote». Le jeune homme exprime ainsi le ras-le-bol de nombre d’autres jeunes qui trouvent que «la politique faite au Gabon n’est composée que de discours creux, vides». «On se moque de nous. On ne s’intéresse à nous que lorsqu’il faut soutenir. Mais tout se fait à Libreville et en ce moment-là, on ne pense pas à nous. Nous aussi on n’a rien dire sur vos histoires», a déclaré pour sa part un habitant de Pénioundou, indiquant vivre de la petite pêche et chasse.

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