Invitée sur Radio France internationale (RFI) à se prononcer sur la filiation d’Ali Bongo et le rôle de la cour constitutionnelle quant à la validation des candidatures à la présidentielle, Marie Madeleine Mbourantsuo a choisi de dédouaner l’institution dont elle est la président.
Au moment où l’opinion, nationale et internationale, s’interroge sur celui à qui incombe, dans le cas du Gabon, la responsabilité de valider les candidatures à l’élection présidentielle au Gabon, la Cour constitutionnelle et la Commission nationale autonome et permanente (Cenap) semblent se renvoyer la patate chaude à quelques semaines de l’élection présidentielle.
Invitée à donner un avis clair sur le rôle que joue la Cour constitutionnelle dans la validation des candidatures, Marie Madeleine Mbourantsuo a minoré l’implication l’institution dont elle est la présidente, explicitant que ce rôle revient à la Cenap : «presque pas», s’est-elle exclamée. «Vous savez qu’au Gabon, c’est la Commission électorale nationale autonome et permanente qui reçoit tous les dossiers de candidature, les examine et valide les candidatures qui sont complètes. En fait, la Cour n’intervient seulement que s’il y a un recours qui est porté contre la décision de la Commission électorale nationale autonome et permanente », a-t-elle poursuivi. Dans la foulée la présidente de la Cour constitutionnelle a indiqué ne pas être habilitée à donner un avis sur la question de la filiation d’Ali Bongo : «Le juge constitutionnel que je suis ne peut, vous pouvez vous en douter, donner une quelconque position sur la question [de la filiation d’Ali Bongo], d’autant plus que c’est une question qui peut être soumise à l’examen de la Cour Constitutionnelle. Il appartient à ceux qui dénient à cette personnalité son statut, soit de Gabonais ou d’étranger, d’apporter les éléments nécessaires devant les juridictions compétentes», a-t-elle martelé avant de souligner, en réponse à une question sur l’article 10 et les conditions nécessaires pour être candidat à la présidentielle : «Si vous avez acquis, je dis bien acquis, la nationalité gabonaise vous ne pouvez pas être candidat jusqu’à la quatrième génération.» Et de déclarer n’avoir «pas suivi (la) déclaration du président Ali Bongo Ondimba» lorsque, en janvier 2015, il avait indiqué au sujet de l’acte de naissance établi par la mairie du 3e arrondissement de Libreville qu’il s’agissait d’un faux document.
Pour la plupart de ses réponses, la présidente de la cour constitutionnelle semblait véritablement s’appuyer sur les dispositions juridiques. Si elle a indiqué qu’en cas d’une requête en contestation de candidature, soumise à son institution, «la Cour tranchera au regard des dispositions de la loi relativement à son domaine de compétence et aux conditions de recevabilité des requêtes», nombreux ont perçu que les notions de «domaine de compétence» et de «conditions de recevabilité des requêtes» seront toujours de bons paravents pour dédouaner la garante de la mère des lois dans un pays où, à l’instar du cas d’Ali Bongo, les actions intentées devant les autres juridictions n’ont jamais prospéré.
Dans les commentaires ayant suivi l’émission, à Libreville de nombreux auditeurs estiment que la présidente de la Cour constitutionnelle a amorcé là une fuite en avant et qu’elle refuserait de prendre ses responsabilités de juge constitutionnel. On se demande donc, ce qui pourra advenir, qui doit trancher, au cas où René Aboghe Ella arriverait, lui aussi, à déclarer que la validation des candidatures controversées ou contestées n’incombe pas à la Cenap. Une interrogation sur laquelle doivent être situés aussi bien les opposants que les membres de la majorité. Pour le déroulement apaisé de l’élection présidentielle.