L’Afrique centrale va bientôt se retrouver avec pour objectif principal de ramener l’Union européenne sur la table afin de négocier un accord équilibré, complet et équitable impliquant tous les pays de la zone Cemac.
Dès le 4 août 2016, le Cameroun devrait logiquement commencer à démanteler ses barrières tarifaires en faveur de l’Union européenne, comme l’y contraint l’accord d’étape signé en 2007. La situation déplait aux autres Etats membres de la sous-région Afrique centrale, qui tablent plutôt sur un accord régional, plus complet, plus équilibré et plus équitable.
La mise en œuvre de cet accord d’étape par Yaoundé serait suicidaire pour les économies d’Afrique centrale. C’est la raison pour laquelle le Comité ministériel de négociations de l’Ape de la zone Cemac va de nouveau se réunir ce mois à Libreville avec l’espoir d’aboutir à l’adoption d’un document qui présente les positions communes de l’espace communautaire en vue de la reprise des négociations avec l’Union européenne, bloquées depuis septembre 2011.
Cette rencontre est importante. Le Gabon veut tenir le pari de faire revenir les deux parties sur la même table afin de conclure un accord régional. Au cours des derniers mois, l’entregent du président Ali Bongo Ondimba, mandaté par ses pairs, a permis d’obtenir des résultats probants dans ce sens. En tout cas, il n’est pas question pour les autorités gabonaises de signer cet Ape de manière dispersée. Mais, l’agenda est pressant. Outre la date fatidique du 4 août, l’Union européenne fait pression sur les pays Acp afin que ceux-ci acceptent de clôturer les négociations au plus tard le 16 octobre prochain.
La signature de l’Ape entre l’Union européenne et les pays de la Cemac achoppe sur plusieurs points. Le plus important est le degré d’ouverture du marché ; l’Union européenne demande 80% de droit d’accès tandis que la Cemac propose 73%. « En libéralisant nos frontières douanières avec l’UE en partant d’un scénario à 73% des marchandises libres contre 27% de produits en régime taxés, l’impact fiscal net cumulatif de l’Ape pour la région est une perte estimée à environ 4 414 milliards Fcfa sur une période de démantèlement de 30 ans », a expliqué en substance la ministre gabonaise du Commerce, Madeleine Berre, dans une interview accordée au quotidien L’Union ce 12 juillet 2016.
« Ces simulations confortent la position exprimée par la région sur la nécessité d’accompagner le démantèlement tarifaire dans le cadre de l’Ape par des mesures d’accompagnement et la compensation de l’impact fiscal net afin d’en faire un accord commercial pour le développement », souligne-t-elle.
A ce jour, le préalable exigé par l’Union européenne pour la reprise des négociations au niveau régional avec l’Afrique centrale est que la sous-région s’aligne, au niveau technique, sur l’accord d’étape du Cameroun. Mais, la position du Gabon, connue depuis le dernier Comina en juin dernier à Douala, est ferme. « L’adhésion confinerait les autres Etats au simple statut d’observateurs », mentionne Madeleine Berre. Il faut donc, selon les experts de l’Afrique centrale, un accord plus consensuel, où toutes les parties prenantes auront leur mot à dire.