Devant d’un côté l’acharnement et la détermination de l’opposition, décidée à barrer le chemin de la course à la candidature d’Ali Bongo Ondimba, qu’elle juge anticonstitutionnelle, et promet de brûler en cas d’un forcing de l’actuel Président de la République, et de l’autre la défiance et l’entêtement de l’intéressé à prendre part coûte-que-coûte à la bataille, le risque d’un grabuge ante ou post électoral est de plus en plus prégnant. Et on est alors en droit de se demander si l’élection du 27 août sera celle d’un Président de la République ou d’une guerre ?
Une élection sous fond de guerre ! C’est du moins le constat qu’on peut d’emblée dresser, au regard de la rhétorique barbare des différents Etats-majors, engagés dans cette bataille présidentielle du 27 août prochain. Qu’il s’agisse de l’opposition ou de la majorité, toutes les parties semblent s’accorder aujourd’hui pour faire entendre cette fois la trompette des armes plutôt que celle du dialogue et de la démocratie. Les discours enflammés, d’une opposition qui menace de tout casser en employant clairement le champ lexical de la guerre comme en témoignent les différents discours de Casimir Oye Mba, Pierre Claver Maganga Moussavou, Alexandre Barro Chambrier, Léon Paul Ngoulakia, pour ne citer que ceux-là.
Lors de leur meeting organisé le week-end dernier, au collège Ntchorere, ils ont dit toute leur détermination à franchir le rubicond pour venir à bout d’Ali Bongo Ondimba, cette fois. De son coté, Ali Bongo qui défie ostentatoirement ses adversaires ne cache plus son obstination à rempiler à la tête de l’Etat. Et comme pour accentuer la bravade, le chantre de l’émergence a brandi, orgueilleusement, le récépissé de son dépôt de candidature, défiant ouvertement ses opposants, « nous les attendons, ils ne nous font pas peur (…) je suis en forme », a-t-il lancé fièrement devant des milliers de militants acquis à sa cause.
On comprend dès lors que de part et d’autre, la volonté de s’affronter et de guerroyer est là. Toutes les chapelles politiques engagées dans la bataille d’août prochain ne privilégient plus d’autre voix que celle des armes. Et certaines populations qui ne trouvent aucun intérêt à cette bataille des coqs pour le pouvoir, ne vivent plus qu’avec la peur au ventre. La peur d’une incertitude des lendemains électoraux qui font toujours chavirer l’Afrique, surtout pour un scrutin aussi mouvementé que celui qui s’annonce le mois prochain. Un coup dur pour la démocratie au sud du Sahara. Laquelle démocratie doit toujours pâtir de la lutte pour le pouvoir des faucons aveuglés et déterminés à tout embraser sur leur passage pour se hisser au sommet de l’Etat.
Et le Gabon tant réputé pour être une terre d’asile, parce que havre de paix sur le continent, se trouve alors sous les feux de l’actualité, car désormais présenté comme une poudrière latente en cette année électorale. Ce qui devrait amener les uns et les autres à éteindre toutes velléités belliqueuses, en privilégiant l’intérêt commun du pays, car aucun point de non retour n’est encore atteint, et rien n’est donc perdu. Parce qu’aller à l’élection dans un tel climat de défiance réciproque, c’est accepter de conduire le pays sur les braises d’un engrenage sans précédent. On risque dans ce cas d’aller élire la guerre plutôt que la démocratie.