Le cabinet d’audit a transmis dernièrement les résultats de ses travaux au gouvernement, qui attend désormais que les opérateurs passent à la caisse.
Alex Stewart international (ASI) a récemment transmis au gouvernement les résultats des audits dans le secteur pétrolier. Nos confrères d’Africa energy intelligence indiquent que ces travaux ont particulièrement visé Shell et Perenco. Depuis quelques semaines, une commission composée des administrations en charge des impôts, des hydrocarbures et des douanes statue sur les redressements liés aux éventuels manquements et infractions constatés. Une tâche qui risque de s’avérer moins facile qu’elle n’y paraît, alors que l’on s’attend déjà à voir les négociations être lancées par certaines sociétés, notamment Shell.
A défaut de négocier le montant de sa dette, comme l’ont fait Tullow oil ou CNR, qui ont toutes les deux versées 7 millions de dollars (environ 3,5 milliards de francs), la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise pourrait envisager une cession d’actifs à l’Etat. Elle ferait donc le même choix que Maurel & Prom il y a quelques temps. Un choix qui pourrait s’expliquer par le fait que Shell ne possède pas les mêmes arguments que Total à qui l’Etat réclamait 800 millions de dollars, mais qui a vu sa dette réduite de moitié à la suite d’une rencontre entre Ali Bongo et François Hollande en mai 2014. Pour sa part, à l’instar du groupe Valcoo dont la dette est estimée à 67 millions de dollars (environ 33,5 milliards de francs), l’audit a permis de réclamer à Perenco 500 millions de dollars (environ 250 milliards de francs).
Les résultats de cet audit seront-ils unanimement considérés par les pouvoirs publics ? Certains en doutent. A en croire Africa energy intelligence, l’un des premiers adversaires de l’auditeur serait Etienne Ngoubou. «Ouvertement hostile» au cabinet américain, le ministre du Pétrole et des Hydrocarbures lui reprocherait de prendre ses ordres à la présidence de la République. Comme pour couper l’herbe sous les pieds du directeur de cabinet du président de la République, réputé en charge du contrat, il aurait instruit ses collaborateurs de transmettre les résultats de l’audit aux opérateurs visés, certainement dans le but de susciter des contestations ou de leur permettre d’engager des négociations avec le gouvernement plutôt que la présidence de la République.
Il reste qu’en cinq ans de présence au Gabon, Alex Stewart international estime avoir convenablement rempli son contrat. Mais, l’Etat lui devrait encore près de 10 millions de dollars (environ 5 milliards de francs). «Les 10% du montant des amendes qui auraient dû revenir à ASI – et qui étaient prévus par le contrat- n’ont jamais été payés par l’Etat gabonais», croient savoir nos confrères.