A deux mois de la prochaine élection présidentielle fixée au 27 août, la polémique sur la nationalité du président sortant et candidat à sa propre succession, Ali Bongo Ondimba, pollue l'ambiance préélectorale dans le pays.
Tous les candidats de l'opposition exigent à la commission électorale de rejeter la candidature d'Ali Bongo Ondimba si celui-ci ne présente pas un acte de naissance conforme à la loi. Les opposants soupçonnent Ali Bongo Ondimba de ne pas être le fils biologique d'Omar Bongo Ondimba, ancien président gabonais de 1967 à 2009, et d'avoir été adopté par Omar Bongo qui avait reçu au Gabon des centaines d'enfants affamés par la guerre civile au Biafra, un Etat sécessionniste de la République fédérale du Nigeria.
Evoquée comme une simple rumeur, cette affirmation est consigné dans le livre de l'essayiste français Pierre Péan "Nouvelles affaires africaines, mensonges et pillages au Gabon", paru aux éditions Fayard le 29 octobre 2014.
C'est la sortie de ce livre qui a mis le feu à la poudre au point de devenir, deux ans plus tard, l'unique thème de la précampagne électorale de la quasi-totalité des déclarés pour la prochaine élection présidentielle.
Les opposants gabonais exigent, en effet, le rejet de la candidature d'Ali Bongo Ondimba en vertu de l'article 10 de la constitution, selon laquelle "Toute personne ayant acquis la nationalité gabonaise ne peut se présenter comme candidat à la Présidence de la République. Seule sa descendance ayant demeuré sans discontinuité au Gabon le peut, à partir de la quatrième génération".
Réclamée durant des meetings politiques et déclarations à la presse, cette demande de rejet a commencé à prendre une forme officielle lorsque le 24 juin dernier, sept candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle ont demandé une audience collective auprès de la Commission électorale nationale et permanente (CENAP), chargée de réceptionner les dossiers des candidats à l'élection présidentielle.
"De manière claire, ferme et sans détour, nous avons réitéré notre détermination à voir la constitution de la République s'appliquer à tous et dans toute sa rigueur", a déclaré Casimir Oyé Mba, un des sept candidats déclaré ayant participé à l'audience avec la CENAP.
Ali Bongo Ondimba, ne s'exprime pas trop sur ce dossier. "Il est absurde de justifier ce qui est naturel", avait-il déclaré le 17 août 2014, jour de la célébration de l'indépendance nationale du Gabon.
"Que ceux qui nous accusent apportent les preuves", avait pour sa part résumé Jean Boniface Assélé, leader politique et oncle maternel d'Ali Bongo Ondimba.
Dans sa biographie officielle, l'actuel chef de l'Etat gabonais est né le 9 février 1959 à Brazzaville au Congo. Une de ses demi-sœurs, mademoiselle Onaïda Maïsha Bongo Ondimba a déposé une plainte en France pour obtenir la copie de l'acte de naissance de son frère. L'administration française détient les copies des actes de naissance des enfants nés dans les colonies françaises avant l'indépendance.
La justice française a autorisé et remis le document réclamé. Les opposants refusent cependant de reconnaître ce document, dont le papier entête, selon eux, ne serait pas conforme à d'autres acte de naissance délivrés à l'époque.
"Ali Bongo Ondimba est incontestablement le fils d'Omar Bongo Ondimba", a affirmé le 12 juin dernier, Me Claude Dumont Beghi, avocate du président gabonais dans une conférence de presse à Libreville à l'occasion de la sortie officielle de son livre "Le Gabon de l'héritage au partage".
L'avocate fonde son argumentaire sur l'acte de naissance de son client sollicité et obtenu de Nantes en France par sa demi-sœur Onaïda Maïsha Bongo Ondimba.
De l'avis de Me Beghi, "il n'y a plus d'affaire d'état civil du chef de l'Etat. C'est une affaire qui n'existe plus. C'est terminé. Ce sont les rumeurs qui continuent".
En 2009 déjà, un des candidats à l'élection présidentielle avait saisi la Cour constitutionnelle pour invalider la candidature d'Ali Bongo Ondimba pour acte de naissance frauduleux. Son recours avait été jugé non recevable.
La date limite de dépôt des candidatures est fixée au 12 juillet prochain. La date de publication de la liste des candidats retenus n'est pas encore connue.