Les petits patrons du Gabon ont dénoncé mercredi le non-paiement de plusieurs dizaines de millions d'euros de dettes impayées par l'Etat, dont certaines liées à l'organisation d'évènements internationaux comme la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) de football en janvier 2017.
Le Conseil gabonais du patronat (CGP, qui regroupe 80 PME), demandent à l'Etat 47 milliards de FCFA (environ 72 millions d'euros) d'arriérés de paiement et de remboursement de TVA.
"L'impression qui se dégage est que le gouvernement fait la sourde oreille et manifeste de la mauvaise foi. Et secundo que le pays se trouve vraiment en cessation de paiement ou en banqueroute, pourtant il n'en est rien", a déclaré le président du CGP, Francis Evouna, lors d'une conférence.
Confronté à la chute des cours du baril, le Gabon a connu une détérioration de ses finances publiques entraînant la suspension de plusieurs grands projets.
En mai, la note de sa dette souveraine a été dégradée par les agences de notation américaines Moody's (de "Ba3" à "B1") et Fitch Ratings ("stable" à "négative").
"L'Etat cherche à gagner du temps", ajoute M. Evouna, déplorant des sociétés qui "mettent la clé sous la porte" et "des milliers de licenciements" chez des sous-traitants dans le BTP et le pétrole notamment.
"On est actuellement en contrat avec l'Etat pour réaliser des pelouses de stades" pour la CAN-2017, explique un cadre de l'entreprise gabonaise Infra-TP (80 salariés, 2,8 milliards de FCFA -environ 4,3 millions d'euros- d'arriérés). "Seul le premier tiers a été versé. Si l'Etat ne paie pas, on sera obligés d'arrêter les travaux", faute de trésorerie, ajoute-t-il.
De même, la PME Pinturex, qui avait fourni les connexions internet pour l'édition 2013 du New York forum Africa - grand raout organisé chaque année à Libreville par l'homme d'affaires Richard Attias en faveur des investissements en Afrique - dit n'avoir jamais perçu les 70 millions de francs CFA contractés.
Le gouvernement a promis plusieurs fois d'apurer les sommes dues auprès des PME et des grandes entreprises.