La loi des finances de l’exercice budgétaire 2016 suscite de nombreuses interrogations au regard des affectations budgétaires y pratiquées.
L’affectation des ressources budgétaires met-elle en évidence les priorités sociales ? Une question que n’importe quel observateur éclairé se pose à la lecture de ladite loi des finances. Pour l’heure, le projet de loi indique que le Gouvernement octroie 375 milliards FCFA, soit 17,5%, aux « dépenses accidentelles et imprévisibles ». Seulement ce poste de dépense n’est pas clairement défini. Pire, les dépenses accidentelles et imprévisibles représentent 14,15% du budget global de l’Etat, une manne plus élevée que celle octroyée à l’agriculture, pourtant une priorité de l’exécutif.
A ce propos la loi de finance consacre 8 milliards FCFA à l’agriculture, un budget en nette baisse comparativement à l’année 2015. Idem pour la santé qui passe de 98,92 milliards en 2015 à 56,94 milliards en 2016, soit-42%. Le secteur de l’éducation connait aussi de sérieuses coupes, de 141,31 milliards en 2015 à 132,93 en 2016, soit -6%, l’enseignement supérieur passe quant à lui de 98,86 milliards en 2015 à 88,78 milliards en 2016, soit -10%.
La construction des logements et équipements collectifs, chiffrée en 2015 à 281,95 milliards passe désormais à 251,247 milliards, soit -11%, pour ne citer que ces affectations.
Les « Dépenses transversales », inexistantes dans la loi 2015, sont dotées d’une enveloppe de 266 milliards FCFA pour 179 milliards affectés à l’organisation de la CAN 2017 et 31 milliards FCFA de « Dépenses politiques ». Lesquellesdépenses politiques constituent le triple de celles de l’agriculture dont le projet « Graine » est l’actuel fer de lance.
Certains programmes de ce budget 2016 atteignent des plafonds impensables notamment le projet de ‘’Stratégie Economique’’qui passe brusquement de 36 milliards en 2015 à 112 milliards FCFA pour l’année en cours, dont 99 milliards sont affectés à « l’élaboration et pilotage de la politique économique ». Même tendance haussière pour les pensions qui doublent quasiment. Elles vont de 36 milliards en 201à 61 milliards en 2016, soit une augmentation de l’ordre 95%. Même son de cloche pour la Défense dont les affectations chiffrées auparavant à 100, 77 milliards en 2015, sont maintenant à 120,32 milliards, soit une hausse de 19%.
Si la hausse concernant les pensions est perçue comme légitime, par contre les « dépenses accidentelles et imprévisibles », « Dépenses transversales », celles de la défense, l’éducation, l’agriculture, la santé et le sport suscitent moult interrogations.