La question est loin d’être insensée, car si Mba Abessole, le saint père a perdu, selon les propos tenus dans les milieux dignes de foi et dans le grand public aujourd’hui, de sa superbe depuis qu’il est à découvert après moult gesticulations, il reste qu’il était, croit-on savoir, jusqu’à la veille de la tenue du congrès de la formation politique qui l’a désigné pour le représenter à la présidentielle d’août prochain, soumis à une discipline au sein du regroupement de partis et associations soutenant Ali Bongo Ondimba. Or, qu’est-ce qui peut bien expliquer qu’il ait opté pour faire, par effet de surprise surtout, bande à part ?
L’on se demande encore si au sein du regroupement de partis et associations politiques soutenant le candidat naturel du Parti Démocratique Gabonais, (PDG) au pouvoir, les textes ne prévoient pas qu’Ali Bongo Ondimba, puisque c’est de lui dont il s’agit, est l’unique personnalité vers laquelle doivent converger tous les soutiens en période électorale surtout, tel que démontré par le leader du PDS, Maître Séraphin Ndaot Rembogo, qui s’est même permis d’inviter le candidat Ali Bongo Ondimba au congrès qu’il a organisé la semaine dernière à Port-Gentil pour montrer à quel point il était, en tant qu’homme droit peut-être, fondamentalement attaché aux principes, même relevant de la coutume.
C’est dire que si l’on comprend aisément qu’un Pierre-Claver Maganga Moussavou dont le Parti tenait la semaine dernière également un congrès, ait été désigné par le Parti Social Démocrate, PSD, comme candidat au scrutin à venir en tant que formation politique d’opposition, il est difficile voire très difficile d’imaginer les raisons qui ont conduit le curé défroqué à tourner casaque, appelons le chien par son nom. Du coup, il se susurre çà et là qu’il ne serait pas loin de nous réserver une entourloupe supplémentaire après toutes celles enregistrées depuis les années 90 quand le peuple dans son immense majorité avait convenu de rompre non seulement avec le parti unique, mais aussi avec les vieilles habitudes intolérantes.
Mais alors laquelle ? Là est toute la question, d’autant qu’il est improbable qu’aujourd’hui il ait la même aura d’antan. Y a qu’à voir comment le Rassemblement pour le Gabon, RPG, se rétrécit chaque jour davantage comme peau de chagrin avec les départs de nombreux hiérarques qui lui reprochent, ainsi que de nombreux militants, son égocentrisme trop prononcé et sa manière toute particulière de mener le débat politique beaucoup plus voisine de celle d’un Pétain que d’un Hollande. Certes, puisque c’est cela la version que soutiennent de nombreux Gabonais, avoir de l’argent et un carnet d’adresses constituent un atout indéniable, mais sait-on que le peuple qui va aux urnes est celui là que l’on jauge véritablement lorsqu’il s’agit de se représenter le poids sociologique d’un homme politique sur l’étendue du territoire national.
Le « Saint père » n’a-t-il pas fini de jouer à cache- cache ?
Sauf si nous nous trompons, dans la majeure partie des pays africains où se sont déroulés des élections, le poids démographique est indéniablement pris en compte au décompte final, ce qui explique « les révolutions » qui suivent la violation de cette règle d’or sous certains cieux où les citoyens se font de plus en plus regardants. Rien qu’en nous appuyant sur une logique toute gabonaise qui veut que la formation politique soit d’abord affaire d’amis, de clans, de tribus, voire d’ethnies, est-on sûr que par ces temps marqués par des revirements en tous genres, par d’incessantes trahisons, par la corruption, par l’évolution du processus démocratique manifeste dans les prises de position tranchées des uns et des autres, Paul Mba Abessole mérite d’être massivement suivi par ses compatriotes quand on sait surtout les casseroles qu’il traine ? Que dire ou quel qualificatif utiliser pour désigner son attitude qui s’apparente à celle d’un homme regrettant le temps passé ?
Ah, peut-être aurait-il été profitable pour moi de ne pas décréter le boycott alors que la victoire était sur le point d’être acquise lorsque dans les années 90 le peuple avait décidé de mettre fin au régime d’Omar Bongo Ondimba, semble-t-il murmurer dans les tréfonds de son cœur.
Seul Dieu sait ce qui s’y passe véritablement en ce moment ! Serait-ce pour lui une manière, oh que cela vient trop tard, de tenter de laver un affront comme l’on fait bien avant lui les André Mba Obame qui, après avoir compris que les Gabonais ne voulaient plus de politique politicienne, était allé s’agenouiller devant le public venu l’écouter lors d’un meeting organisé sur une des places fortes de la capitale Libreville, pour non pas clamer son innocence, mais faire amende honorable ? Il est moins sûr !
L’homme est emprunt d’un orgueil à la limite satanique et ne saurait se plier à ce type d’exercices disent nombre de ses lieutenants qu’il n’est pas besoin de citer ici, cela n’étant pas à l’ordre du jour. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le « saint père » est venu avec ce geste jeter le doute dans la solidité de l’affection qu’ils se portent les uns les autres au sein de la majorité républicaine pour l’émergence et peut-être, pourquoi pas subtilement rejoindre sans l’avouer un camp auquel il a par le passé appartenu, l’opposition, dommage que son jeu n’en valle pas la chandelle, la présidentielle ne se déroulant qu’en un seul tour !