Référence mondiale en matière d’intégration agricole, le projet Songhaï, au Bénin, créé par le Révérend Père Godfrey Nzamujo en 1985, a été l’objet d’un voyage d’étude de la présidente du Conseil Départemental de Bendjè, dont fait partie Port-Gentil, qui voudrait s’en inspirer.
En quête d’idées novatrices pour le département de Bendjè dont elle considère que toutes les potentialités ne sont pas exploitées, Lucie Daker Akendengué, présidente du Conseil Départemental de Bendjè, a conduit une mission au projet Songhaï, au Bénin, histoire de découvrir ce modèle créé par le Révérend Père Godfrey Nzamujo, en 1985, et qui, devenu une référence mondiale en matière d’intégration agricole, est en train d’être répliqué dans de nombreux pays. Lucie Daker Akendengué pense que le département dont elle a la charge pourrait s’en inspirer.
Elle y a donc séjourné une semaine durant, du 8 au 15 juin dernier, avec quelques conseillers départementaux et des collaborateurs. Au cours d’un périple qui a conduit la délégation dans quatre sites du projet (Porto Novo, Kétou, Zagnanado et Savalou), les visiteurs ont pu se rendre compte des énormes possibilités qu’offre un système dit intégré où rien n’est jeté, surtout pas les déchets qui constituent une mine d’or si on en découvre l’utilité.
Basé sur les principes de synergie entre les trois pôles que sont l’agriculture, l’élevage et la pisciculture, ce système recycle et revalorise les sous-produits de chaque unité de production, de telle sorte que les déchets d’une unité deviennent les intrants d’une autre section, selon le principe «rien ne se perd, tout se transforme». La transformation des produits agricoles, notamment, fait partie des objectifs du projet Songhaï, une transformation qui est d’autant plus aisée que le projet dispose d’un atelier de fabrication mécanique qui conçoit et usine les machines-outils dont les producteurs agricoles ont besoin pour donner de la valeur ajoutée à leurs productions. Ici, sans engrais chimique, les productions se comptent par milliers. Dans les centres dédiés, plus de vingt mille poules donnent des milliers d’œufs et divers produits dérivés pour la consommation et la commercialisation ; il en est de même des milliers de tilapias et des poissons-chats élevés dans les étangs, des milliers de cochons, de lapins, etc. Ici, le millier est l’unité de mesure.
Dans cet univers, les énergies nouvelles tiennent forcément une place de choix : solaire et biogaz permettent de relayer efficacement les défaillances de la société d’électricité. La production de biogaz à partir des déchets a particulièrement intéressé la délégation gabonaise qui y voit des possibilités pour les villages éloignés de la distribution d’électricité et de gaz. Comme on le dit à Songhaï, grâce au biogaz, le cultivateur peut obtenir du gaz et de l’électricité dans une brousse pour faire sa cuisine, s’éclairer et développer une activité qui requiert l’énergie électrique ou le gaz méthane. L’agriculture, qui est l’une des bases du projet Songhaï, est pratiquée avec des méthodes qui démultiplient la production. Les champs s’étendent sur des centaines d’hectares et donnent des produits soutenus par une recherche permanente du meilleur rapport entre la qualité du sol et la production végétale. Car Songhaï se veut aussi un centre de recherche avec son corollaire, un lieu de formation où les savoirs et les savoir-faire sont au service de la collectivité.
C’est finalement les bras chargés de pépinières, semences et boutures de toutes sortes que Lucie Daker Akendengué et les siens sont revenus au Gabon, après un long échange avec les responsables de Songhaï sur les possibilités de formation, de transfert de technologies, et pourquoi pas, de partenariat.