Après la mise en demeure de Jean Ping par le procureur de la République, le tour est revenu, le 22 juin dernier, à sa défense, représentée par maîtres Jean Rémy Bantsantsa et Eric Iga Iga, de s’étonner de la procédure du procureur, faire une mise au point et rappeler la présomption d’innocence dont bénéficie pourtant leur client.
L’affaire dite des «cafards» est loin d’avoir fini d’alimenter l’actualité politico-judiciaire gabonaise. À la suite du point-presse au cours duquel Steeve Ndong Essame Ndong, le procureur de la République près du tribunal de première instance de Libreville, mettait en demeure, le 21 juin 2016, Jean Ping à comparaître en personne au procès dont les débats n’ont jusque-là pas débuté, le tour est revenu aux avocats de l’accusé de s’étonner de la sortie médiatique du ministère public et de rappeler la présomption d’innocence dont bénéficie pourtant leur client.
Le 22 juin courant, Jean Rémy Bantsantsa et Eric Iga Iga, les avocats de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine ont d’abord marqué leur étonnement quant à «la sortie médiatique de monsieur le procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville ce mardi 21 juin 2016 sur la première chaîne de la télévision nationale», avant de faire certaines mises au point. D’abord au sujet de la non-présence de leur client à la convocation policière du 3 juin dernier, les avocats du candidat à la présidentielle gabonaise ont affirmé que celle-ci «a été déposée sous pli fermé à la guérite du domicile de M. Ping sans aucune autre indication». Et de s’interroger : «pourquoi des officiers de police judiciaire, dans le cadre de leur mission normale, ne se sont pas donné la peine de remettre la convocation à monsieur Ping en mains propres et lui indiquer clairement l’objet de cette invitation ?» Pour les conseils de Jean Ping, cette convocation judiciaire ne serait plus d’actualité vu que «les plaignants ont décidé d’utiliser la voie de la citation directe par voie d’huissier pour poursuivre M. Ping des faits de troubles à l’ordre publique, incitation à la révolte, à la haine et à la désunion des citoyens».
En venant sur l’audience du 17 juin 2016, les avocats ont rappelé qu’elle «était consacrée uniquement à la fixation du montant de la provision à payer par la partie civile et que les débats au fond n’interviendront qu’après accomplissement de cette formalité». L’«absence» de Jean Ping au tribunal ce jour-là, ont-ils poursuivi, n’avait «aucune incidence sur le déroulement de cette audience». D’où leur étonnement face à une mise en demeure qu’ils ont qualifiée de non nécessaire «au stade actuel de la procédure de citation directe par voie d’huissier». Et de rappeler que les faits imputés à leur client «seront débattus de manière contradictoire devant le tribunal correctionnel» et qu’il revient donc uniquement au tribunal correctionnel de juger de la culpabilité ou non de Jean Ping.
Concluant, Me Jean Rémy Bantsantsa qui lisait la déclaration, a laissé entendre : «Il est curieux de constater que le parquet de la République qui fait fi du principe de la présomption d’innocence, s’acharne sur monsieur Ping, le condamne déjà en lieu et place du tribunal et se préoccupe même de l’exécution des jugements prononcés en son absence».