L’élection présidentielle démocratique au Bénin de mars a été éclipsée par les reconductions des présidents sortants en Guinée équatoriale et au Congo. Alors que l’Afrique subsaharienne consolide ses démocraties, l’Afrique centrale reste un îlot, au pire de dictatures autoritaires, au mieux de régimes politiques hybrides. Le Gabon, un pays qui n’a pas connu d’alternance politique depuis 1964, doit tenir son élection présidentielle en août. Mais celle-ci donne-t-elle une chance réelle à l’opposition, ou représentera-t-elle une autre formalité de reconduction d’un président en place ?
Ali Bongo Ondimba, l’un des fondateurs du courant des rénovateurs du Parti démocratique gabonais (PDG), chef de l’Etat depuis 2009 et la fin du règne de quarante-deux ans de son père Omar Bongo, a consolidé un régime politique hybride de type « autoritaire compétitif ». Un régime qui se caractérise, selon les inventeurs du concept Steven Levitsky et Lucan Way – professeurs des universités de Harvard et de Toronto –, par la présence d’institutions démocratiques formelles, perçues comme les principaux moyens pour obtenir et exercer l’autorité politique, mais que les dirigeants violent tellement souvent et dans une telle ampleur que leurs régimes n’arrivent pas à répondre aux standards les plus bas pour être qualifiés de démocratie.
Le système gabonais peut être considéré comme « autoritaire compétitif », car des inégalités extrêmes existent entre le parti au pouvoir, le PDG, et l’opposition lorsqu’il s’agit d’accès aux financements politiques ou aux médias nationaux, que les institutions indépendantes de contrôle sont sous la coupe de l’exécutif issu du PDG, ou encore à cause d’irrégularités lors des scrutins directs. Tous ces problèmes, combinés à des usages clientélistes et à la généralisation de la corruption, font du Gabon un régime plus autoritaire que démocratique.