Libreville . L’exploitation forestière illégale vient de subir un coup de frein dans la province du Woleu-Ntem avec l’arrestation de deux scieurs appartenant à un réseau de coupe illégal et qui ne respectaient aucune prescription. Cette opération conjointe de la Brigade Centre de Gendarmerie de Mitzic, du cantonnement des Eaux et Forêts et de l’ONG Conservation Justice révèle aussi l’implication de deux agents de l’administration des Eaux et Forêts.
Pris en flagrant délit d’abattage et de sciage, Gauthier Obiang Essono, Gabonais, et Joseph Nfoncha, Camerounais, auront du mal à s’extirper d’une action en justice. Les deux hommes qui exercent leur activité depuis plusieurs mois ont contre eux le fait de ne pas avoir d’autorisation de coupe et surtout d’avoir fait usage de faux, avec la complicité de deux agents des Eaux et Forêts. Ces derniers sont maintenant arrêtés et devront répondre devant le Tribunal et leur administration.
C’est au village Abom Awoum que leur parcours a pris fin. Au cours d’une mission conduite par la Brigade Centre de Gendarmerie de Mitzic, les deux hommes sont surpris entrain de scier du bois, sans restriction aucune. A quelques mètres de là, un camion de marque Mercedes immatriculé EU 332 AA est stationné et prêt à être chargé.
Sur demande des pièces qui les autorisent à exploiter le bois, ils sont parfaitement incapables de présenter une autorisation de coupe. Ils tendent pour seul document une feuille de route déjà expirée et falsifiée confirmant ainsi le caractère illégal de leur activité.
La quantité de bois abattu confirme la dimension anarchique de l’activité. Si la feuille de route indique 8,9 m3 de bois, les premières observations font penser que ce chiffre est nettement en dessous de la vérité. On parle de plusieurs de dizaines de m3 de bois.
Par ailleurs, et selon les premiers aveux des deux scieurs, deux agents des Eaux et Forêts d'Oyem serait les auteurs du document falsifié en ayant copié une signature et utilisé un faux cachet, agissant ainsi contre leur administration, qui compte bien sanctionner strictement.
Ce ne serait pas la première fois qu’un agent des Eaux et Forêts serait impliqué dans l’exploitation forestière illégale et/ou le trafic de trophées d’espèces protégées. Le scandale relatif à l’exploitation abusive du Kévazingo l’a démontré. Il avait eu le mérite d’emporter quelques hauts responsables de l’administration des Eaux et Forêts et de montrer ainsi la volonté et la capacité de l’administration à lutter contre ces pratiques. Mais c’est un travail de longue haleine qui demande des sanctions fortes et de la persévérance.