Des candidatures, il risque d’en pleuvoir sur les tablettes de la Commission électorale nationale autonome et permanente. Normal, puisque tous ceux qui se sentent une âme d’évangélisateur ont trouvé en les populations des ouailles prêtes à boire leurs pensées comme du petit lait. Bruno Ben Moubamba, candidat, il ne fallait plus que cela pour nous démontrer à quel point la fonction présidentielle peut être tentante et faire perdre la tête à l’homme même faisant apparemment preuve d’équilibre. Pourvu qu’il n’en soit pas à se demander au sortir du scrutin, qu’est-il venu faire dans cette galère, tant on connaît l’homme prompt à opter pour la victimisation.
Bruno Ben Moubamba a vraiment du fric à perdre, s’il en a suffisamment, parce que l’on sait ces hommes venant d’un peu partout prêts à distraire l’opinion avec de l’argent tiré des caisses de l’Etat par des procédés peu amènes.
Comment lui est-il venu à nouveau l’idée qu’il peut prospérer ? Alors que sa formation politique, l’Union du Peuple Gabonais (UPG) est victime depuis la mort de son président Pierre Mamboundou, de scissions qui ont conduit à des divisions étanches entre militants et membres du directoire, aujourd’hui regroupés autour des pôles que dirigent lui-même Bruno Ben Moubamba pourtant débouté par ceux qui se disent héritiers de feu le président charismatique et le rendu du tribunal de Libreville saisi par Mathieu Mboumba Nziengui d’une autre aile s’affublant du titre de ‘’loyale’’ et Jean-de-dieu Moukagni Iwangou qui n’en démord pas, malgré le fait qu’il soit en froid avec ses anciens compagnons qui lui laissent, disent-ils, la porte ouverte, pourvu que ce ne soit pas pour venir semer la zizanie.
Dans ce contexte, sur combien de militants et de Gabonais Bruno Ben Moubamba pense-t-il faire reposer sa confiance, lui, qui passe le plus clair de son temps à l’extérieur et ne mérite pas pour cela de croire en une base sur le terroir conquis depuis des mois par ceux qu’ils convient de désigner par l’expression « mastodontes », nous voulions dire les Jean Ping, Nzouba Ndama et Ali Bongo Ondimba, avec qui un deal peut être scellé si l’on en croit certaines langues pour faire échouer le plan de l’opposition radicale pour laquelle le départ d’Ali Bongo Ondimba ne devrait pas se négocier.
Ses intérêts, Bruno Ben Moubamba les a à de milliers de kilomètres de sa terre natale, là où vit son épouse et sa progéniture qui ont certainement du mal à venir s’installer ici au Gabon. Est-ce en affichant une telle attitude que l’on peut penser séduire un peuple de plus en plus regardant jusqu’au moindre détail ?
N’y a-t-il pas des critères à remplir pour se porter candidat à ce scrutin ?
La fonction présidentielle, on ne cessera jamais de le dire, n’est pas ludique, elle conditionne celui qui y aspire, lui donnant d’autres hobbies et lui conférant une certaine notoriété dans la cité. Est-on prêt à reconnaître en Bruno Ben Moubamba autant de dispositions ? Même si l’on dit que l’habit ne fait pas le moine, c’est à l’habit qu’on reconnait le moine cependant. Ce dernier qui certes s’appuie sur sa richissime belle famille européenne, encore que le patrimoine de celle-ci est loin d’être le sien, nous connaissons comment les choses se passent en Europe, n’a aucun avoir sur le territoire national, ce qui est un handicap majeur pour qui veut convaincre ses compatriotes qu’ils peuvent lui faire confiance en lui accordant leurs suffrages pour sept ans minimum, afin qu’il transforme leur rêve en réalité.
On peut tout reprocher à tous les autres candidats à la présidentielle, sauf ne pas leur reconnaître l’expérience de la gestion des affaires publiques pour la plupart, car ils sont à des exceptions près issus des rangs du Parti démocratique gabonais, qu’ils ont servi tout comme le pays à un certain niveau de responsabilité pendant le magistère d’Omar Bongo Ondimba. Qu’en est-il de Bruno Ben Moubamba ? Que d’aucuns croient en train de vouloir marquer son passage dans l’histoire politique du Gabon en procédant par des « entrées- sorties », histoire d’éviter de montrer son talon d’Achille et de toujours faire croire qu’il constitue une solution au problème gabonais, au mal gabonais. Mais comment ? Là est toute la question.
Franchement, pourquoi Bruno Ben Moubamba s’entête-t-il à croire qu’en parlant bien français, on est à même de diriger un pays ? Sans connaître ses réalités ou en étant coupé de la tradition et des valeurs qui fondent celui-ci. Sait- il, et cela tous le savent ou le murmurent, que le temps n’est plus au discours, mais plutôt à la praxis. Qu’avec les mots on peut tout faire, sauf résoudre les problèmes vitaux quotidiens se posant avec acuité aujourd’hui aux Gabonais.