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Présidentielle 2016 : «Je suis le seul candidat indépendant», dixit Ben Moubamba
Publié le mercredi 15 juin 2016   |  Gabon Review


Le
© Autre presse par DR
Le secrétaire général, de l’Union du peuple gabonais(UPG), Bruno Ben Moubamba


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Le désormais candidat à la prochaine présidentielle a accordé une interview à Africa 24. Se focalisant sur la période Omar Bongo, il livre le sens de sa candidature. Le verbatim complet.

Question : Pourquoi êtes-vous candidat à l’élection présidentielle du 27 août prochain ?

Bruno Ben Moubamba : A supposer que cette élection ait lieu, car aujourd’hui les conditions ne sont pas réunies pour avoir une élection transparente (…) Si ma génération n’avait pas de représentant à cette échéance, je pense que nous serions floués, une fois de plus. J’ai décidé d’y aller dans la foi : mon message est compris par le peuple gabonais et j’ai l’intention de le défendre.

Quelles sont vos principales promesses à l’endroit des Gabonais ?

La chose est très simple : le problème de ce pays c’est l’argent. Le système du Parti démocratique gabonais (PDG) doit être démantelé, et ce que je propose est très simple. Puisque ce parti a géré en faisant de l’argent le seul objectif de l’existence, je propose un contre-modèle. Premièrement, la bonne gouvernance, la bonne gestion : je prendrai les milliers de milliards de ce pays pour les mettre totalement dans des investissements structurants. A partir de l’argent qui sera dégagé de ces investissements, je lancerai un programme social que les Gabonais attendent avec, en ligne de mire l’habitat. Peut-être me direz-vous que cette offre est déjà proposée par un certain nombre de candidats. Sauf que la plupart de ces candidats sont des PDGistes, les responsables de ces 42 ans de destruction de la société gabonaise. Ils se découvrent aujourd’hui indépendants ou opposants, mais ils se tiennent tous par la barbichette. Sans vouloir faire dans l’immodestie, je crois que je suis le seul candidat indépendant.

Quels sont vos atouts ?

Au risque de me répéter dans l’immodestie, l’un de mes atouts est de n’avoir jamais serré la main du défunt président de la République, et de ne jamais l’avoir rencontré.

Omar Bongo n’était pourtant pas un diable…

Pour ma part, je pense que le président Omar Bongo a mis en place, à travers le PDG, un vrai système diabolique. Il a déclaré dans les années 70 qu’il voulait faire le Transgabonais. La question est de savoir quel a été le prix à payer pour la réalisation de ce chantier. Je crois que c’est tout simplement le bonheur du peuple gabonais. Car comment comprendre qu’un pays qui emmagasine, selon la plupart des experts sérieux, des recettes budgétaires allant jusqu’à 5 000 milliards de francs, avec un million d’habitants, les 2/3 de Libreville soient un bidonville ? Libreville, qui représente à peine un quartier d’Abidjan, n’a fait que trois boulevards en 42 ans. Est-ce sérieux ? Allez voir l’hôpital public, allez voir la salle des urgences, discutez avec les médecins…Nous avons le sentiment dans ce pays que ceux qui nous ont dirigés, ont tout simplement organisé la misère d’un peuple qu’ils sont supposés diriger avec efficacité. Nous nous demandons donc ce que nous avons fait à ce pouvoir, pour qu’il nous maltraite autant…

D’aucuns estiment que vous êtes obsédé par le défunt président Omar Bongo. Êtes allez vous recueillir sur sa tombe ?

Je ne connaissais pas le défunt Omar Bongo ! Je ne suis pas obsédé par sa famille, encore moins ses enfants : je ne les connais pas. Je m’engage dans cette lutte parce que c’est une question d’intérêt national. Je suis né dans un bidonville, j’ai grandi dans une maison en planches pleine de rats…J’ai juste eu beaucoup de chance et cela m’a donné une responsabilité. Lorsque que je suis revenu de mon exil provisoire, je suis allé voir mon oncle maternel dans le quartier où j’avais grandi. La maison en planches est toujours là, les rats sont encore plus gros, et je trouve que c’est criminel pour un régime politique d’être aussi indifférent à la misère de son peuple.

Si vous n’étiez pas candidat, pour qui auriez-vous voté ?

J’aurais voté pour l’ensemble des candidats, tous bords confondus, qui auraient demandé pardon au peuple gabonais. J’aurais voté pour ceux-là qui auraient dit : «Nous nous sommes mal comportés, nous avons pris conscience du mal que nous avons fait au peuple gabonais».

Avez-vous été approché par le PDG ?

J’ai rencontré pratiquement l’ensemble des barons politiques de ce pays lorsque je suis rentré d’exil. Trouvez-vous normal que l’ensemble des grands candidats soient tous des soixantenaires et plus ? Comment voulez-vous qu’une génération de 30 ou 40 ans, qui souffre d’un chômage massif, accepte cette sorte de blocage des postes, de la dynamique du pays ? Finalement, je suis un peu le symbole de cette pyramide des âges qui ne fonctionne pas. Donc, je continuerai…

Lequel des candidats redoutez-vous le plus ?

Lorsque j’ai dit qu’Ali Bongo était pour moi un adversaire prioritaire, certains ont pensé que je faisais le lit d’Ali Bongo. Ce n’est pas le cas. Je crois qu’Ali Bongo a dans ses mains, l’ensemble des ressources dont il peut disposer et je crois qu’elles sont importantes.

Il y a eu rumeur qui circule selon laquelle Ali Bongo et vous auriez eu une rencontre…

Cette rumeur, je l’ai entendue…Le jour il a été rapporté que j’ai rencontré Ali Bongo, je me trouvais dans mon siège de campagne et beaucoup de personnes peuvent le confirmer. Des rumeurs comme celles-ci, vous en entendrez encore et encore parce qu’en cette période de campagne, je gêne beaucoup de monde, aussi bien dans l’opposition que dans la majorité, car je suis hors système. On aimerait bien me salir, me traiter de tous les noms, mais je suis un homme neuf.

Vous n’avez pas serré la main du père, êtes-vous prêt à serrer celle du fils ?

Ce qui est certain, c’est que je crois que mon profil et mon parcours intéressent un certain nombre de personnes. J’ai rencontré des hommes estimables dans ce pays, mais je leur reproche d’être des piliers du système que je condamne et dont je demande la destruction.

Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que votre candidature n’est pas sérieuse ?

Je ne me sens pas moins légitime que des personnes qui ont reçu des milliards qui appartiennent à l’Etat. Je ne me sens pas moins légitime que des personnes qui sont soupçonnées de crimes économiques, crapuleux, qui sont responsables d’un échec de 42 ans. Je dirai plutôt que ceux qui ne sont pas sérieux, malgré le respect que je leur dois en tant qu’aînés, ceux sont ceux qui ont fait dans une opposition molle et dans un consensus mou et qui, la nuit venue, négocient leur avenir politique alors qu’ils sont supposés combattre le PDG. Ceux qui ne sont pas sérieux, ce sont ceux qui croient qu’en raison d’une filiation génétique, en tant qu’enfants du président défunt, pourraient diriger le Gabon. Ceux-là qui pensent qu’ils peuvent diriger le Gabon parce qu’étant hiérarques d’un parti, un parti génocidaire à plus d’un titre, ceux-là ne sont pas sérieux.

Pourquoi êtes-vous si acrimonieux à l’endroit d’Ali Bongo en particulier ?

Je n’ai rien de personnel contre Ali Bongo. Il se trouve qu’il est le candidat d’un système que je condamne de toutes mes forces. Un système criminel, qui a conduit le Gabon à la faillite, qui a fait de notre pays la risée de l’Afrique francophone. Je suis donc obligé de le critiquer, de le combattre, et de faire en sorte qu’il ne soit plus jamais président de la République. C’est mon droit, c’est mon devoir ! Tout comme je n’accepterai jamais qu’un opposant factice vienne diriger ce pays.

Vous n’avez pas de parti politique, vous n’avez pas d’assise politique, vous n’avez pas de moyens financiers colossaux. Comment entendez-vous convaincre, sur le terrain, les Gabonais de voter pour vous ?

Je ne serai pas une exception si une personnalité issue de la société civile devenait président de la République. Comment est-ce que je gagnerai ? Je gagnerai car ce n’est pas de la méthode Coué. Tout simplement parce que je suis soutenu par une quarantaine d’ONG. Parce que je crois que la population parle de Ben Moubamba dans tout le pays : vous pourrez le vérifier, alors que je n’ai pas accès aux médias publics, alors que le quotidien L’Union me boycotte. Ma candidature n’en n’est pas une de circonstance, car j’ai écouté l’appel de nos ancêtres pour lesquels l’honneur était quelque chose contrairement à aujourd’hui. J’ai l’ambition de lancer dans ce pays une forme de révolution éthique et croyez moi, j’y arriverai.

Retranscription : Stevie Mounombou

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