Décidément l’Union nationale chapelle Myboto ne semble pas reconnaître l’essoufflement du combat contre la candidature d’Ali Bongo Ondimba, depuis l’expiration du délai de destitution lancée dans le cadre de l’union sacrée pour la patrie, le 23 avril dernier. Et pour cause, près deux mois après l’échec de cet ultimatum, Casimir Oye Mba, candidat de l’UN pour la bataille présidentielle du 27 août prochain a annoncé le week-end écoulé, à l’occasion d’une conférence de presse qu’il allait fédérer tous les candidats déclarés contre la candidature de l’actuel chef de l’Etat.
Fédérer tous les candidats déclarés contre la candidature d’Ali Bongo Ondimba au scrutin du 27 août prochain, et ce, avec le concours des pays amis et des présidents des institutions impliquées dans le processus électoral au Gabon : c’est l’essentiel de la conférence de presse qu’a tenue, samedi dernier, Casimir Oye Mba, candidat de l’Union nationale (UN) à la course présidentielle.
C’est donc une véritable croisade contre la candidature de l’Apôtre de l’émergence que celui qui vient d’être investi presque dans la douleur comme candidat de l’UN, tente d’organiser désormais à moins de trois mois seulement du scrutin. Seulement voilà, si on peut parler de croisade « antibongoïste », il reste que c’est une croisade désordonnée, en ce sens qu’elle ne rencontre pas dans toute l’opposition, la même vision de la situation. Et c’est justement pour cette diversité d’approches qu’on parle aujourd’hui ‘’des oppositions’’ dans l’opposition gabonaise.
Une question diversement appréciée
Si pour l’Union sacrée pour la patrie (USP) à laquelle appartient d’ailleurs la tendance Myboto de l’UN, le retrait de la candidature de l’actuel locataire du palais du bord de mer est un préalable à toute participation électorale (et c’est d’ailleurs ce qui a causé la bifurcation du parti), il reste que pour Jean Ping par exemple, cette question ne doit pas exclure toute action de terrain. Car au cas où Ali Bongo Ondimba ne renonce pas à sa candidature, il faudrait bien aller à l’élection, au risque, dit-il d’être pris au piège par celui, dont on sait qu’il ne renoncera pas à sa volonté de briguer un second mandat.
Même son de cloche du côté de Pierre Claver Maganga Moussavou, Raymond Ndong Sima, Guy Nzouba Ndama et tous les autres, qui ne semblent pas vraiment en faire un sujet de campagne, conscients que tout effort d’agitation à ce propos peut paraître vain, vu l’obstination du candidat PDG à prendre part coûte que coûte à la bataille (surtout avec le bain de sang qui pourrait accompagner un tel forcing). Et la réponse de l’ancien patron de l’Assemblée nationale au journaliste de RFI semble déjà sonner cet aveu de résignation, lorsqu’il répondait au confrère sur la question qu’il ne voulait pas en faire un débat personnel. Mais au-delà, c’est aussi un prétexte pour le candidat de l’UN, qui dans sa stratégie d’occulter son retard criard et sa bourde de 2009, tente de faire son entrée en matière par une question, qu’il sait captivante pour une bonne partie de l’opposition, quitte à ce qu’elle devienne un projet de société.
Sauf qu’au sujet des pays amis qu’il promet de saisir, l’ancien gouverneur de la BEAC oublie certainement que le premier d’entre eux est bien la France, qui semble avoir déjà décliné toute implication, estimant qu’il appartenait aux Gabonais de résoudre eux-mêmes le problème. Et on sait le poids de la France, considérée comme la porte-parole de nombreux pays du continent dont le Gabon aux Nations unies. C’est aussi toute la difficulté d’une opposition qui refuse d’opposer un front uni au PDG pour parvenir à l’alternance tant vantée par les urnes, en ne s’attardant que sur ce que d’aucuns qualifient aujourd’hui de plaisanterie. Et cette difficulté de parvenir à l’alternance démocratique réside là dans les désaccords chroniques d’une opposition, qui a maille à s’émanciper de l’infantilisation du discours politique au Gabon.