Accusé d’avoir suspendu le paiement des pensions à une frange des assurés pour financer l’élection présidentielle d’aout prochain en faveur d’Ali Bongo, le Directeur général de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), Désiré Lasségué, a livré sa part de vérité, le 6 juin dernier.
À la suite d’un sit-in observé le 2 juin 2016, devant les locaux de la CNSS, par les assurés n’ayant pu percevoir leur pension, l’accusant d’avoir mobiliser les fonds de leurs pensions pour le financement de l’élection présidentielle en faveur du candidat Ali Bongo, le Dr Désiré Lasségué a effectué un point presse en vue d’apporter des éclaircissements.
Il se trouve, a-t-il expliqué, que la suspension du paiement des pensions est intervenue à la suite d’un contrôle physique organisé par les services de la CNSS auprès des assurés visant à vérifier leur identité. Il en est ressorti que sur 30.000 assurés que paie la CNSS, 12.000 sont en situation irrégulière, marquée pour certains par le manque des pièces d’identité exigibles, et par leur invisibilité pour d’autres. Voulant tirer les choses au clair en vue l’assainissement du fichier de la CNSS engagé depuis plusieurs mois, mais aussi en vue de permettre aux concernés de se rapprocher des autorités administratives compétentes pour la régularisation de leur situation, le Dr Lasségué a exigé la suspension momentanée du paiement des pensions.
«Personne n’a intérêt à voir les pensions des assurés suspendues. Ce ne pas de gaieté de cœur qu’on le fait. J’ai de la peine quand je vois les personnes du troisième âge venir squatter devant nos locaux ici. La CNSS s’est engagée dans une phase de contrôle physique pour prouver l’identité de tous les assurés. Alors, lorsqu’on constate à la suite de ces contrôles que certains assurés n’ont pas des documents conformes, nous sommes obligés de suspendre le paiement de la pension jusqu’à la régularisation de la situation. C’est ce qui s’est passé et c’est la loi qui nous l’exige. Nous précisons toutefois que nous payerons, en rappel, tous les trimestres non perçus, pourvu les assurés régularisent leur situation», a indiqué le directeur de la CNSS avant de dissiper l’accusation concernant le financement des élections : «la CNSS ne finance pas les élections. Au nom de quoi va-t-elle le faire ?», s’est-il interrogé avant de poursuivre : «Le rôle de la CNSS est de prélever les cotisations sociales et de payer les pensions. Nous n’avons rien avoir avec les élections, contrairement à ce qui se dit partout. Les élections, c’est le ministère de l’Intérieur qui les finance et non les particuliers surtout pas la CNSS. Parce que ce ne pas son rôle».
Si le patron de la CNSS estime avoir dissipé l’accusation portée sur lui, il a tout de même reconnu être un membre du Parti démocratique gabonais. «C’est vrai que je suis militant du PDG et je soutiens mon candidat. Mais le jour où j’aurai besoin d’apporter ma contribution pour le financement de l’élection d’août prochain, je sortirai l’argent de ma poche et non des caisses de la CNSS», a-t-il affirmé.
Invité enfin à s’exprimer sur les cas de fraude imputable à ses services, Désiré Lasségué a déclaré travailler pour débusquer et anéantir les fraudeurs tapis dans son administration. Lesquels selon lui, auraient mis en place un réseau de fraude et de falsification des documents administratifs et financiers, dénommé «Chimie» dans les ragots de la maison.
Désiré Lasségué a annoncé le lancement, dès le 2 juillet prochain, d’une opération de lutte contre la fraude. Celle-ci consistera, pour ses équipes, à aller auditer et vérifier la présence physique de tous les assurés des auprès des entreprises.